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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Si, comme c’est la règle du sermon, c’était la coutume de la chronique d’appuyer ses développements sur un texte, voici le thème que nous prendrions cette quinzaine, tout entière occupée, sinon exactement remplie, par les délibérations de la Conférence de la paix : « Lucius Furius Camillus, après avoir vaincu les peuples rebelles du Latium, entra dans le Sénat et dit : « J’ai fait ce qui se «pouvait par la guerre ; maintenant, c’est à vous, Pères Conscrits, de « savoir vous assurer contre les rebelles une paix durable pour « l’avenir. » Cette citation, tirée d’un petit écrit d’un grand auteur, intitulé : De la manière de traiter les peuples de la Valdichiana révoltés, peut paraître d’une majesté disproportionnée à son sujet, mais ne s’en applique que mieux au nôtre ; trop vaste pour l’événement médiocre auquel elle se rapportait, elle l’est tout juste assez pour des événements immenses comme ceux dont le monde est à présent l’enjeu. Lors donc que le maréchal Foch entre dans le Salon de l’Horloge, il a le droit de refaire le discours de Camille. Ce qui pouvait se faire par la guerre est fait. C’est maintenant aux chefs d’État ou de gouvernement et aux délégués des Puissances, solennellement assemblés, de faire par la paix ce qui reste à faire. Or, ce qui reste à faire est tout, n’aurait pu être fait sans une guerre victorieuse, mais ne serait pas fait sans une paix heureuse, a été commencé par la guerre, mais ne sera achevé, fixé, consohdé, acquis que par la paix ; et il ne servirait à rien d’avoir gagné la guerre, si, à la fin, l’on allait perdre la paix, ou la manquer, ou seulement la réussir à demi.

Tout de suite, ici, vient au bout de la plume un point d’interrogation, si gros que nous allons, jusqu’au bout de ces douze pages, faire effort pour l’y retenir. Nous entendons ne parler de la Conférence qu’avec respect, ne la juger qu’avec réserve, ne la solliciter d’agir qu’avec patience. Plus d’une-fois déjà nous avons supprimé des