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UN CONGRÈS DE LA PAIX
IL Y A CENT ANS [1]

Depuis que l’Europe est constituée en grands États, c’est une loi de son évolution, ou au moins un fuit d’expérience, qu’au début de chaque siècle elle a été amenée par une longue suite de bouleversements a tenter en commun une réorganisation générale de ses territoires et un essai de perfectionnement de son droit public. Sans remonter jusqu’au « Grand Dessein » de Henri IV, les conférences de Paris, où elle vient de chercher à fixer les conditions nouvelles de son existence, ont pour précédents naturels le Congrès d’Utrecht (1713), qui mit fin aux longues guerres de la Succession d’Espagne et le Congrès de Vienne (1815), qui liquida l’héritage de l’époque révolutionnaire et impériale. DJ ces grandes assises diplomatiques, destinées à modifier si profondément l’ordre européen, ce sont les dernières dont l’histoire, renouvelée par une récente publication, nous est le plus exactement connue ; ce sont celles aussi qui, par la similitude de certaines situations, appellent les plus instructifs rapprochements avec les événements auxquels nous assistons aujourd’hui.


I

C’est le 11 avril 1814 que les représentants des puissances coalisées avaient pris acte de l’abdication de Napoléon ; dès le 23, ils signèrent avec la France un armistice dont les

  1. Commandant M.-H. Weil, Les Coulisses du Congrès de Vienne ; 2 vol. in-8, Paris, Pavot, 1917.