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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/196

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fut prise, et les retours offensifs de l’ennemi ne purent la reprendre. Le Mont Saint-Quentin une fois pris, Péronne ne pouvait plus être défendue. Les Australiens y entrèrent le 1er septembre.

Pendant que la 2e division australienne attaquait le Mont Saint-Quentin, les divisions placées plus au Nord et formant l’aile gauche de la 4e armée, 3e australienne, 58e , 47e et 18e, attaquaient et enlevaient, le 31 août et le 1er septembre, Bouchavesnes, Raucourt et Frégicourt. Plus au Nord encore, la 3e armée occupait Sailly-Saillisel, Morval, Beaulencourt, Rieucourt-les-Bapaume, et de là s’étendait sur les crêtes de l’Est de Reucourt à l’Est de Longatte. Le 17e corps, entrant en action à la gauche des corps déjà engagés, prenait Bullecourt et Heudecourt, et poussait jusqu’à Rieucourt-les-Cagnicourt, dont il s’emparait.

Ainsi s’achevait, le 1er septembre, la bataille commencée dix jours plus tôt par la 3e et la 4e armées. Sur le front de ces deux armées, 23 divisions britanniques avaient battu 35 divisions allemandes, leur avaient pris 34 000 hommes et 270 canons, et avaient non seulement reconquis tout l’ancien champ de bataille de la Somme, mais en s’établissant sur la ligne Péronne-Vraucourt-Bullecourt, avaient débordé la ligne de défense Nord-Sud que forme la Somme en amont de Péronne. Sans doute le plateau de Nurlu et la ligne de la Tortille permettaient à l’ennemi d’organiser une défense au moins provisoire, à l’abri de laquelle il pourrait gagner la position Hindenburg, c’est-à-dire cette longue ligne Quéant-le-Catelet-Saint-Quentin admirablement fortifiée, à la fois caserne, abri et forteresse, sur laquelle il était évident qu’il essaierait de passer l’hiver. Mais d’autre part la désorganisation de l’armée allemande augmentait. La vaste étendue du front d’attaque, en tenant l’ennemi incertain du point où il serait attaqué, le contraignait à jeter ses réserves par morceaux sur les points où cette attaque se dévoilait. Les liens tactiques des divisions se trouvaient ainsi rompus, et on trouvait des fragments de la même division épars sur des points différents du champ de bataille. Le moral de l’armée allemande baissait. Les arrière-gardes laissées pour protéger la retraite, s’étaient, sur des points importants, rendues en se voyant isolées. Enfin, juste à ce moment d’ébranlement, un nouveau coup de théâtre se produisait, et