Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA QUESTION
DU
PORT DE STRASBOURG

Peu de Français se doutent que nous venons d’incorporer un grand port dans le territoire national : Strasbourg, dont la réannexion pose un problème économique et politique des plus intéressants. Il s’agit, en premier lieu, d’assurer à cette grande ville une situation économique, non seulement équivalente, mais encore supérieure à celle dont elle jouissait sous la dépendance germanique. Ce n’est pas en vain que les trois couleurs flottent au sommet des tours ajourées de la cathédrale alsacienne ; il ne faut pas que les Strasbourgeois puissent se dire qu’ils ont périclité sous notre fraternelle administration.

Tout le commerce de Strasbourg était dirigé par les voies naturelles de pénétration fluviale, non vers la France, mais du côté des pays rhénans, d’Anvers, de Rotterdam, et vers le centre de l’Allemagne. Par les routes terrestres, il s’établissait également du côté de l’Est. On ne change pas du jour au lendemain un mouvement commercial, comme on renverse la vapeur d’une locomotive, pour la faire marcher sans transition dans un sens opposé, il va donc falloir s’occuper d’assurer d’autres directives au courant commercial de Strasbourg. A cet effet, tout le réseau de canaux doit être étudié afin de faire face aux besoins qui viennent de naître. Il ne s’agit pas de faire couler le Rhin vers la Seine : la Garonne elle-même, qui prétend jouir du privilège « de pouvoir manger tous les fleuves de France, » n’a pas encore trouvé le moyen de remonter jus-