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de Rotterdam ; nous pourrons prélever l’eau du fleuve pour nos canaux et nos irrigations. Nous posséderons enfin le droit exclusif à l’utilisation de l’énergie hydraulique du Rhin, dans la section formant frontière Franco-allemande.

Afin de se faire une idée de l’importance de la créance de notre pays, telle qu’elle résulte des conventions du traité de paix, il suffit de considérer qu’en 1912 la flotte rhénane comprenait plus de 12 000 navires d’un tonnage supérieur à 15 tonnes, et portant plus de 35 000 hommes d’équipage ; 1 700 bateaux à vapeur de moins de 15 tonnes et 10 800 bateaux à voiles ou remorqués. 53 p. 100 de la flotte à vapeur battaient pavillon allemand ; 37 p. 100 pavillon hollandais, et 10 p. 100 environ pavillon belge. Les vapeurs sont répartis de la sorte : remorqueurs 70 pour 100, cargos 15 pour 100, navires pour le transport exclusif des voyageurs 5 pour 100, navires comprenant voyageurs et marchandises 5 pour 100. Certains vapeurs affectés au service des voyageurs ont 83 mètres de long sur 8 m. 20 de large et 1 m. 30 de tirant d’eau ; leur force est de 1 250 chevaux. Les plus grands vapeurs à marchandises, datant de 1907 ou 1906, ont une capacité de 1 306 tonnes. Les plus puissants remorqueurs font 2 200 chevaux [1].

Maintenant que nous voilà en possession des moyens d’action voulus pour dominer commercialement et politiquement !e cours du fleuve, des devoirs très précis s’imposent à nous. Pour plus de précision, distinguons ce que nous avons à faire à la sortie du Rhin, — en aval, — puis en amont de Strasbourg.

Tout d’abord à l’embouchure du fleuve. Nos Compagnies de navigation doivent prendre leurs mesures pour recueillir le fret qui descendra des plaines d’Alsace vers la mer. Il faudra qu’elles fassent de Rotterdam et d’Anvers les têtes de ligne d’un important service de paquebots ou de cargos. Déjà, plusieurs sociétés maritimes ont pris des décisions en conséquence, notamment, la Compagnie générale Transatlantique, les Chargeurs Réunis, la Société Navale de l’Ouest, les Affréteurs Réunis, Worms, les Messageries Maritimes, etc.. réorganisent leurs services d’Anvers ou de Rotterdam. Ce n’est pas en vain que les délégués de plusieurs Compagnies de navigation : MM. Dal Piaz,

  1. Voir, pour plus amples détails, une étude faite dans le Journal France-Industrie, de mars 1919.