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dans le monde entier. En 1884, Charles Grad écrivait dans la Revue internationale de l’Enseignement : « Aucune ville d’Europe, sans en excepter les grandes capitales, dont nous avons visité tous les établissements d’instruction, ne présente pour l’enseignement supérieur une installation aussi riche ou dont les diverses parties soient mieux combinées et réunies... On a voulu faire grand, et l’on a réussi. Gouvernement et représentants du peuple alsacien se sont entendus et ont rivalisé d’efforts, sans reculer devant aucun sacrifice, pour doter l’Alsace-Lorraine d’une haute école sans rivale pour ses dispositions et son luxe de construction. » (On verra tout à l’heure qui a supporté les sacrifices.) Il était impossible en effet de ne pas admirer l’ampleur de la conception et l’ingéniosité du plan général.

L’Université se compose de deux groupes de bâtiments : la Faculté de médecine derrière l’Hôpital civil, les autres Facultés au Nord de la ville, à la place des anciennes fortifications.

La Faculté de médecine s’étend maintenant sur près de deux kilomètres. Une suite de grands pavillons, séparés par des plantations ou des jardins, mais reliés par des tunnels, abritent les instituts et les cliniques : instituts d’anatomie, de pathologie, de physiologie, de chimie physiologique, d’hygiène, de pharmacologie, clinique chirurgicale, clinique d’accouchements et de gynécologie, clinique ophtalmologique, clinique médicale, institut de bactériologie (inachevé), cliniques pédiatrique, oto-rhinologique, dentaire, dermatologique et syphiliographique. Tous ces services sont pourvus de salles d’opération et de laboratoires admirablement outillés. :

Les bâtiments des autres Facultés s’élèvent dans les quartiers neufs de Strasbourg, sur des terrains où se trouvaient autrefois les remparts et leurs glacis. Des pelouses, des massifs, des bassins et des jets d’eau décorent la large place qui précède l’édifice principal. C’est une immense construction, œuvre d’un architecte de Carlsruhe. Sa façade pompeuse et correcte s’inspire, assez pauvrement, de notre art classique : elle date de l’époque où les artistes allemands imitaient volontiers les travaux de nos Prix de Rome et n’avaient pas encore inventé ces monstrueuses combinaisons de « vieil allemand » et de « barokostyle » qui caractérisent l’architecture germanique de ces vingt dernières années. Au rez-de-chaussée : une grande