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salle vitrée pour les cérémonies universitaires, les locaux de l’administration et du Sénat, les salles de cours des Facultés de théologie, de droit, de philosophie (celle-ci correspond à notre Faculté des lettres). Au premier étage sont logés les « séminaires » où l’élite des étudiants est associée aux travaux et aux recherches des professeurs. Chaque séminaire se compose d’une salle de conférences, d’une bibliothèque spéciale et d’un cabinet pour le professeur. Certains de ces séminaires prennent le nom d’instituts, tel l’institut d’archéologie qui possède une des plus belles collections de moulages qui soit en Europe.

De beaux ombrages séparent l’édifice principal des huit instituts de la Faculté des Sciences, établis dans autant de bâtiments parmi les verdures et les fleurs du jardin botanique. Ce sont les instituts de chimie, de physique, de botanique, de minéralogie, de paléontologie, de zoologie (avec un très riche musée d’histoire naturelle), d’astronomie (avec un observatoire pourvu des instruments les plus perfectionnés) et de pharmacie. Chaque institut renferme des laboratoires, des salles de cours, une bibliothèque et le logement du professeur chargé de diriger les études. Les laboratoires ont été, tous, construits sur les indications des professeurs.

Enfin l’Université possède une bibliothèque d’un million de volumes, somptueusement logée dans le bâtiment qui fait pendant à celui du Landtag, en face du Palais impérial.

Quand on explore aujourd’hui cette cité universitaire, on y découvre bien des défectuosités. Là, comme ailleurs, l’Allemand a cédé à son éternel besoin d’imposture : il y a toujours quelque chose de mensonger dans ses organisations les plus grandioses. A l’intérieur du bâtiment principal, ce ne sont que marbres, colonnes, vestibules et galeries ; peu de lumière et beaucoup de place perdue, tout pour l’apparat. Lorsque les professeurs français pénétrèrent dans leur nouveau domaine, ils découvrirent avec surprise que cette magnifique Université ne possédait pas l’éclairage électrique, que dans certains laboratoires le matériel était suranné et délabré, que, dans les bibliothèques des séminaires, les livres semblaient choisis au hasard ou triés par une censure pangermaniste(pas un volume de Flaubert dans le séminaire de philologie romane ; pas un volume de Fustel de Coulanges dans celui d’histoire du moyen âge). Mais, après avoir constaté ces imperfections, ils s’émerveillaient