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intellectuelle des Alsaciens et pour l’avancement de toutes les sciences. Il lui appartient de maintenir la tradition et de prendre en main le précieux instrument que la victoire met à sa disposition. Son devoir est clair.

Comment s’en acquittera-t-elle ? Quel statut, quels professeurs, quels étudiants, quelles ressources va-t-elle assurer à l’Université, afin que celle-ci puisse remplir sa tâche sans décevoir l’attente des Alsaciens, sans manquer à sa mission nationale ?


Le statut. — On a beaucoup discuté sur le statut de la future Université : les uns voudraient adopter le statut allemand avec quelques modifications, les autres le statut des Universités françaises, tel qu’il a été fixé par la loi du 10 juillet 1896. Le second parti nous semble préférable. Le statut de l’Université de l’Empereur-Guillaume n’était pas rigoureusement calqué sur celui des autres Universités de l’empire, mais il en reproduisait les règles fondamentales. Or, a priori, mieux vaut ne pas introduire dans une maison française les us et coutumes de l’Allemagne sans avoir examiné si la supériorité en est réelle, indéniable.

L’Université comprenait six Facultés : théologie évangélique, droit et science politique, médecine, philosophie (comprenant l’histoire et les lettres), sciences mathématiques et naturelles, théologie catholique, depuis 1903. Dans chaque Faculté, les professeurs étaient de diverses sortes : les ordinaires nommés par l’Empereur sur une liste de trois ou quatre candidats présentés par la Faculté, les honoraires qui pouvaient ne pas être pourvus de grades universitaires, les extraordinaires nommés par le statthalter d’Alsace-Lorraine sur la présentation de la Faculté. A la tête de l’Université était placé le recteur, choisi, parmi les professeurs ordinaires, par le Plenum, c’est-à-dire par l’assemblée de tous les professeurs. Il présidait le Sénat universitaire et veillait à l’exécution de ses décisions. Ce Sénat se composait du recteur, du prorecteur (le recteur sortant de charge), des doyens des six Facultés et d’un professeur ordinaire de chaque Faculté désigné par ses collègues pour un an. Les doyens n’étaient pas élus, chaque professeur ordinaire étant doyen à son tour. Les pouvoirs du recteur et ceux des doyens ne duraient qu’une année. Deux commissions permanentes