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entre Somme et Lys : « Les opérations offensives de détail menées durant ces dernières semaines sur le front des armées alliées, ajoutait Foch, ont permis de constater que les Allemands maintiennent en ligne des troupes fatiguées, incomplètes ou de mauvaise qualité, afin de constituer lune masse de manœuvre avec des troupes de choix, entraînées et bien pourvues en hommes. C’est une faiblesse dont il faut profiter sans aucun retard pour entreprendre des offensives importantes. »


Le fait était que, depuis trois semaines, nous tâtions l’Allemand sur diverses parties de son front et le trouvions partout d’une résistance relativement faible.

C’était spécialement sur le front de la 10e armée que, depuis le 15 juin, ces attaques à objectif restreint se menaient avec succès. Elles avaient, outre l’avantage de sonder l’ennemi et de lui enlever des observatoires gênants pour l’offensive projetée, celui de fortifier et d’avancer peu à peu, entre Moulin-sous-Touvent et Longpont, la base de départ d’où cette offensive s’élancerait.

Inaugurées le 15 juin par une attaque heureuse sur le ravin de Cœuvres, — au nord de Saint-Pierre-Aigle, — qui avait abouti à la reprise de Cœuvres, elles étaient devenues par surcroit pour le général Mangin une excellente occasion d’expériences et d’entraînement. Les chars d’assaut, qui avaient pris part à l’opération de Cœuvres au nombre de 15, constituaient l’un des éléments actifs de ces attaques, celle du 17 au Sud d’Autrèche, celle du 18 à l’Est de Montgobert, celle du 24 au Nord-Est de Le Port et surtout celle du 28, si remarquablement menée sur la région de Cutry. Ces opérations servaient, suivant l’expression du général qui les menait, de « grandes manœuvres » à tous les éléments de l’armée ; l’infanterie apprenait à « coller » aux chars ; les chars, les avions, l’artillerie s’y exerçaient ; elles coûtaient peu d’hommes au regard du nombre de prisonniers faits : parfois une quarantaine de pertes pour cent, deux cents prisonniers. L’attaque de Cutry avait pris les proportions d’une petite bataille et chaque élément y avait obtenu un succès encourageant : plus de 1 000 prisonniers étaient, ce jour-là, restés entre nos mains. Puis c’était au Nord de Moulin-sous-Touvent que, le 3 juillet, on avait assailli la