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la contre-attaque des 10e et 6e armées, — car, Mangin attaquant au Nord de l’Ourcq, Degoutte devait attaquer au Sud, — fût tenue prête à se déclencher à l’heure propice sur le flanc des armées allemandes.

Il fallait avant tout que l’arrêt fût « assuré d’une manière certaine ; » c’était l’affaire de Gouraud surtout. Pétain était tombé d’accord avec celui-ci sur le procédé à opposer, cette fois, d’une façon parfaite, à l’attaque brutale de l’Allemand.

L’ennemi allait assaillir, de la Pompelle à la butte de Tahure, la première position et particulièrement les Monts, avec sa dépense ordinaire d’hommes et d’obus toxiques ; il y porterait son plus grand effort, persuadé que, la première position enlevée et avec elle la masse de ses défenseurs, il ne trouverait plus devant lui que des troupes en déroute, qui ne pourraient, rejetées sur la seconde position, la défendre que quelques heures. Bref, une réédition du drame du 27 mai.

Il avait été, en conséquence, décidé par Pétain qu’on n’attendrait pas l’ennemi sur la première position ; aussitôt que l’attaque paraîtrait près de se déclencher, la position serait abandonnée, sauf par des détachements de couverture qui munis de pigeons voyageurs et d’appareils de T. S. F. et ayant à leur disposition des coureurs prêts au sacrifice de leur vie signaleraient le départ des vagues d’assaut, la direction de colonnes, leur force, les lieux d’infiltration, tandis que, par des feux de mitrailleuses, ils retarderaient les vagues d’assaut er dissociant l’attaque. Alors se dresserait, à quelques kilomètre en arrière, la véritable barrière.

L’artillerie, singulièrement renforcée depuis quinze jours se dévoilerait à cette heure ; elle couvrirait d’obus l’espace compris entre la ligne abandonnée et la position intermédiaire créée entre la première et la deuxième. Les parties de la plaine accessibles aux tanks de l’ennemi seraient par ailleurs traversées par un cordon d’explosifs assez puissants pour que les chars échappés au déluge d’obus y vinssent sauter. Par un luxe de moyens, les abris de la première position abandonnés auraient, au préalable, été remplis d’ypérite, si bien que l’en nemi, s’y réfugiant sous nos feux d’artillerie déchaînés, n’en sortirait plus.

Quant à la position intermédiaire, elle aurait été, au dernier signal, occupée par des troupes si nombreuses, si solides