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La bataille se poursuivait fort âprement de part et d’autre. L’Allemand, assailli le 21 sur trois fronts, défendait désespérément les flancs de sa retraite.

Il était indiqué que devant l’armée Mangin, à sa droite, et devant l’armée Berthelot, à sa gauche, cette résistance se fit plus tenace. Les 9 divisions allemandes, opposées le 18 juillet à Mangin, étaient, dès le 20, épuisées ; mais l’État-major allemand avait précipité entre Oulchy-le-Château et Soissons, dès le 19, 4 divisions, puis, le 20, 3 nouvelles, et il allait encore, le 21, y jeter de nouveaux renforts. Mangin, de son côté, reconstituait ses forces en vue d’un nouveau coup de bélier qu’il entendait ne donner qu’à coup sûr, celui qui, dix jours après, allait lui livrer, avec les faubourgs de Soissons, ce plateau d’Ambrief (au Nord du Tardenois) qui, dès le 21, était l’objectif visé. Le 21, le 22, le 23, le 24, il ne pouvait qu’essayer de pousser vers la région d’OuIchy : il savait que son heure allait revenir et préparait activement un nouveau défoncement.

Au Sud de l’Ourcq, la résistance était moindre devant Degoutte le 21, mais s’accentuait dès le 22. Dès le 21, à l’aube, nos patrouilles étaient entrées dans Château-Thierry, y liant la 6e armée avec les Américains qui avaient franchi la Marne à l’Est de la ville. Mais c’était vers le Tardenois que Degoutte poussait ses forces ; dès le 21, il avançait de près de dix kilomètres sa ligne entre Ourcq et Marne, atteignant, au soir, le front Mont Saint-Père-Epieds-Rocourt Montgru-Saint Hilaire, obligé, le 22, de marquer le pas devant les violentes réactions de l’ennemi, il parvenait, le 23, à avancer sa gauche en direction de Fère, mais sa droite était accrochée devant Epieds où des combats très durs mettaient aux prises, une journée entière, Américains et Allemands. Degoutte brisait, il est vrai, le 24 cette résistance, car après des combats assez vifs, il pouvait atteindre à Beuvardes les lisières de la forêt de Fère, arrêté seulement par les batteries et mitrailleuses allemandes de la rive droite de l’Ourcq, installées sur la Butte-Chalmont que Mangin n’enlèvera que deux jours plus tard.

Cette résistance acharnée des Allemands sur leur flanc, de plus en plus âpre à mesure qu’on montait vers le Nord, couvrait le repli de la Marne sur l’Ardre, en attendant la