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gênant à Fouché, c’est qu’il le contrarie dans des projets qui se rattachent à un ensemble d’extraordinaires intrigues. L’Empereur écrit le 17 juillet à l’archi-chancelier : « Je vous envoie le bulletin de police (c’est le rapport du 13). Je vous prie de le lire avec attention et de le comparer aux pièces. J’ai cru longtemps que c’était la rivalité contre le préfet de police qui portait M. Fouché à se conduire ainsi. Je commence à craindre que Fouché, qui a la tête gâtée, ne favorise les brouillons dont il espère se servir, et ne veuille point décourager des gens qui prévoient des circonstances de mort ou des événements extraordinaires, puisqu’il songe lui-même tant à l’avenir, témoin ses démarches pour un divorce.

« Dans cette situation des choses, je vous prie d’assembler le Conseil de police et de vérifier les assertions suivantes, savoir : 1° qu’il n’y a eu entre les accusés qu’une entrevue, tandis qu’il est constant par les interrogatoires, qu’il y en a eu un grand nombre ;

« 2° Qu’elle a eu lieu par hasard, tandis qu’il est prouvé qu’elles ont été indiquées ;

« 3° Qu’il n’y a eu aucune proposition de faite de la part et au nom des sénateurs, tandis que Servan et Jacquemont se disaient chargés de faire des propositions sans que les sénateurs en sussent rien, comme c’est l’usage de la part des chefs de complot ;

« 4° Qu’ils n’ont adopté aucune espèce de résolution, tandis qu’ils ne pensaient qu’à cela et que le jour d’une émeute était déjà fixé, et que l’idée de la présence de la Garde impériale à Paris, les a seule arrêtés court ;

« 5° Qu’ils ne se soient donné aucun rendez-vous, tandis qu’ils se voyaient tous les jours. »

Ce sont là les questions que le Conseil de Police doit examiner. Mais l’Empereur, auquel manquent, pour se former une opinion définitive, les pièces à conviction que Lemare et Bazin ont si opportunément déménagées, n’en est pas moins dans le vrai lorsqu’il dit : « Où en serait-on, si on ne réprimait les malveillants que lorsqu’ils ont une armée, et si, dans un État bien organisé, on n’arrêtait pas des essais qui ont pour but d’inquiéter et d’altérer la tranquillité publique ? »

Le Conseil de Police, assemblé les 21 et 22 juillet au palais du prince archi-chancelier, en exécution des ordres de S. M. I.