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oléagineux d’Afrique, pour remplacer les Allemands ; les compagnies anglaises tendent à s’emparer de ce marché ; il conviendra que nous en gardions notre très large part.

Au nombre des arbres tropicaux les plus intéressants, et dont la culture est volontiers pratiquée par les indigènes, signalons le cacaoyer et le cocotier. Le « mandat colonial » conféré à la France sur presque tout l’ancien Cameroun allemand nous livre des cacaoyères sur lesquelles le gouvernement de Berlin comptait pour approvisionner peu à peu la plupart des fabriques nationales de chocolat. Nous devrons continuer, au bénéfice d’établissements français, cette expérience, analogue à celle que les Anglais avaient instituée non moins opportunément dans leur possession ouest-africaine appelée Gold Coast : nos essais avaient été timides jusqu’ici, sauf sur quelques domaines de la Côte d’Ivoire. Le cocotier vient bien sur les lagunes du Golfe de Guinée ; les noix de coco sèches (coprah) sont très demandées en Europe et en Amérique pour l’élaboration d’un beurre végétal de plus en plus employé dans l’alimentation ; la France avant la guerre importait 100 000 tonnes de ces graines dont à peine un dixième de ses colonies. Marseille, qui s’était laissé devancer par Hambourg, et tout récemment par Liverpool, devrait demain s’efforcer de ressaisir sa primauté, tout en encourageant l’agriculture indigène, dans nos possessions africaines.

Nous aurons à développer aussi l’exploitation méthodique des bois de toutes sortes, qui, dans l’étuve équatoriale des rives du golfe de Guinée, grandissent dans un désordre fougueux. La restauration des pays libérés de France, le sacrifice de quelques-unes de nos plus belles forêts aux nécessités immédiates de la guerre, assurent aux ressources forestières de notre Afrique, pendant plusieurs années, des emplois rémunérateurs ; nous avons là des bois de charpente, des bois d’ébénisterie, des réserves indéfinies de cellulose pour fabrication de pâte à papier ; notre Afrique tropicale en exportait dès 1908 un peu moins de 20 000 tonnes ; ce chiffre peut être aisément décuplé. Les Congrès coloniaux français, les Associations professionnelles du meuble et de la papeterie ont appelé sur ce sujet l’attention des pouvoirs publics ; le ministère des Colonies a pris des dispositions pour faciliter l’envoi rapide en France de provisions de bois coloniaux ; une mission forestière spéciale a étudié,