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sous cet aspect, la Côte d’Ivoire. Le Gabon, façade atlantique de notre A. E. F., est un autre fournisseur privilégié.

A peine avons-nous encore fait contribuer l’Afrique tropicale à notre ravitaillement de table ; nous devrons demain lui demander, par grandes quantités, viande et poisson. Deux régions sont adaptées à l’élevage du gros bétail, plateaux élevés de 12 à 1 300 mètres, où l’altitude compense la latitude et que peuplent des races de pasteurs, le Fouta Djallon et l’Adamaoua. Plus au Nord et à un niveau moins élevé, les collines inclinées vers le Niger (Macina) et les mamelons du Mossi nourrissent des troupeaux de moutons. Des établissements frigorifiques ont été récemment installés à proximité de la côte atlantique ; par leur intermédiaire se dessine un commerce régulier de bétail, déjà fort apprécié des plus avancés de nos indigènes. Le Mossi, sur 100 000 kilomètres carrés, compte 2 millions d’habitants, paysans robustes ou commerçants avisés bien disposés à tirer parti de la paix française ; les Peuhls du Fouta Djallon, plus méfiants à l’origine, sont aujourd’hui ralliés. En 1918, 4 000 tonnes seulement de viande congelée ont été envoyées d’Afrique sur la France ; les laines du Macina ont aussi paru sur nos marchés où les spécialistes les ont distinguées ; ce n’est qu’un début, mais des plus encourageants. Quant au poisson, les côtes ouest-africaines sont un des viviers les plus riches du monde ; des dundees à moteur, depuis 1912, viennent chaque année de Bretagne chaluter dans ces parages ; ils avaient rapporté en 1913 plus de 300 000 langoustes et en 1916 un millier de tonnes de poissons frigorifiés. La guerre sous-marine avait ralenti cette activité, qui reprend aujourd’hui.

Les gouvernements régionaux et l’Association cotonnière coloniale ont institué, depuis une dizaine d’années, des essais sur le coton au Dahomey, dans « la Mésopotamie » du moyen Niger et du Bani, en amont de Tombouctou. Les résultats sont demeurés médiocres, soit que l’effort ait été trop peu pensévérant, soit qu’une organisation commerciale n’ait pas été annexée à une expérience de culture. Moins capitale pour nous que pour les Anglais, la question du coton est cependant importante, aujourd’hui qu’elle est liée à la restauration de nos régions industrielles du Nord. Les études menées jusqu’ici auront du moins abouti à déterminer les conditions de l’irrigation dans la vallée du Niger ; ce sont des conclusions à retenir,