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LES
« MÉLODIES » FRANÇAISES


Regrettez-vous le temps où nos vieilles romances

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Nous n’avons garde au moins de l’oublier. Aux lointains « Echos de France, » nous ne fermons pas notre oreille et notre cœur. Que Plaisir d’amour, Pauvre Jacques, Il était là, nous soit chanté, — ce qui s’appelle « chanté, » — nous y prenons encore et toujours nous y prendrons un plaisir extrême. Mais à cet aimable temps, une époque admirable, dans l’histoire de la musique française, a succédé. C’est l’âge de la « mélodie, » après celui de la « romance. » Aussi bien celle-ci, dans les quarante premières années du siècle dernier, avait cessé d’être ce que les maîtres du siècle précédent, les Monsigny, les Dalayrac, les Grétry, l’avaient faite. De la « sensibilité vraie » elle était tombée dans la fausse sensiblerie, de l’ingénuité dans l’affectation et la fadeur, de la simplicité dans le poncif ou l’emphase. Plus d’un nom, plus d’une œuvre, qui fut célèbre alors, témoignerait de cette décadence. Berlioz lui-même, si grand ailleurs, ne parait ici que médiocre, ou du moins fort inégal, et quelquefois un peu béta. On dirait qu’il hésite entre la « mélodie » qui vient, que par instants il devine, et la « romance » qui s’en va. Mais trop souvent, c’est du côté de celle-ci qu’il regarde ou qu’il écoute encore.

Inutile de demander à des Plantade, à des Loïsa Puget, à des Monpou, le type de la « romance » 1830. Berlioz nous offrirait assez d’exemplaires du genre. Genre varié, qui passe du plaisant au sévère, au pathétique, au frénétique même, témoin