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certaine Élégie en prose, déclamée sur un trémolo de mélodrame. Musique personnelle, autobiographique même, souvenir et confidence de l’orageux musicien, notre confrère, M. Boschot, pourtant si dévot à Berlioz, ne peut se retenir de traiter cette vieillerie de « poupée lamentable. » Aussi bien l’article n’est pas rare dans le bric à brac ultra-romantique des Mélodies écossaises et des Nuits d’été. En 1844, La Belle Isabeau (conte pendant l’orage), débute ainsi :


Enfants, voici l’orage,
A genoux, priez Dieu.


L’année suivante :


Entendez-vous ? Dans la bruyère
Déjà chante le coq des bois.
Allons, réveillez-vous, mon père,
Volez à de nouveaux exploits.
En chasse, et que Dieu vous protège.
Et toi, qui chantes là-bas,
Ce soir tu ne chanteras pas.


Cela s’appelle Le Chasseur danois. Sur la couverture, une lithographie de Célestin Nanteuil représente « un seigneur agonisant dans son lit, veillé par un page élégant et par un chien très noir, sous sa cuirasse, accrochée, en panoplie guerrière et cynégétique, à un énorme andouiller [1]. » Dans l’une et l’autre pièce, paroles et musique se ressemblent.

Même et fâcheuse communauté d’inspiration dans certaine aubade romantico-bourgeoise intitulée Les Champs :


C’en est fait, adieu, vains spectacles,
Adieu Paris, où je me plus,
Où les beaux arts font des miracles,
Où la tendresse n’en fait plus. (Béranger.)


Mais rien ne vaut le Jeune pâtre breton, de Brizeux, (1834), avec accompagnement de cor obligé :


Dès que la grive est éveillée,
Sur cette lande encore mouillée

  1. A. Boschot : Le crépuscule d’un romantique ; — Hector Berlioz (1842-1869), p. 98.