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tant d’autres. C’est du travail le plus rude qu’on eut d’abord besoin ; et ce sont celles qui étaient capables de le fournir qui eurent, les premières, besoin de travail. De la conjonction de ces deux besoins est sorti un phénomène social qui semble devoir survivre aux circonstances qui l’ont fait naître. Mais il survivra sans doute en évoluant. Et ce n’est plus nécessairement dans les industries métallurgiques, par exemple, que le sexe autrefois dit sexe faible cherchera à maintenir ses positions. Mais si les femmes doivent quitter vraisemblablement la caserne et l’usine de guerre, elles ne renonceront pas à toutes les carrières conquises par elles ; elles s’efforceront même d’en conquérir d’autres. Et nous avons à nous demander quelles sont celles sur lesquelles elles ont jeté leur dévolu.

Il ne s’agit donc plus de ce que les femmes font, mais de ce que feront celles qui sont encore des jeunes filles et qui sont nos élèves. De plus, s’il a été nécessaire de rattacher leurs aspirations au mouvement qui a emporté, dans un vent d’improvisation et de nécessité, toutes les résistances et tous les préjugés, nous nous bornerons maintenant aux carrières qui intéressent l’éducateur parce que, en effet, elles supposent une éducation. Quoi que nous fassions, notre revue sera incomplète, et il serait plus court de dire qu’il n’y a pas de carrière où les femmes ne prétendent être admises. Par une contradiction inconsciente, mais profitable, elles réclament des carrières à elles, et puis celles des hommes. En réalité, elles frappent à toutes les portes, dont beaucoup s’ouvrent. Comme dans tout mouvement, il y a les timides et une avant-garde plus aventureuse. Commençons par les timides.

Nous ne dirons rien de l’enseignement qui fut une carrière féminine de tout temps. Notons cependant que, tandis que, il n’y a pas bien des années, on doutait qu’on pût se passer des hommes dans l’enseignement des jeunes filles, on doute aujourd’hui qu’on puisse se passer des femmes dans l’enseignement des hommes. Et il ne s’agit pas seulement des écoles primaires et des petites classes de nos établissements secondaires. Les femmes occupent quelques-unes des plus hautes chaires des lycées de garçons, où elles ont remplacé les hommes mobilisés ; et, comme beaucoup d’hommes ne reviendront pas, et que leurs remplaçantes ont le plus souvent très bien réussi, le provisoire, là aussi, risque, dans certains cas, de durer. En Angleterre,