problème pédagogique vers lequel tout ceci nous achemine.
Il semble que nous marchions à grands pas vers l’égalité des sexes dans la vie économique. Ce corollaire, l’égalité politique, suivra-t-il ? Déjà en France on voit des femmes dans des cabinets de ministre. En Angleterre deux femmes sont attachées au cabinet de M. Lloyd George ; ce qui est mieux encore, des femmes sont directrices au ministère du Ravitaillement, et commandent des services importants au ministère de l’Agriculture. Aux États-Unis elles sont l’âme qui inspire et la volonté qui gouverne les œuvres : œuvres de paix et œuvres de guerre. Des lois ou des projets de lois s’ensuivent en Amérique et aussi en Europe. Le 6 février 1918, le Parlement britannique a définitivement voté le projet de loi accordant aux femmes le droit de vote à partir de trente ans. Et les femmes viennent de voter en Angleterre, et aussi en Allemagne. Notre Parlement, qui eût enterré de pareilles propositions, il y a quatre ans, est plus qu’ébranlé. La Chambre des Députes est même allée trop loin, dit-on, pour que le Sénat la suive.
Ainsi des devoirs que la guerre a imposés à la femme est sortie la reconnaissance de ses droits. Il n’est pas pour un droit de meilleure filiation que d’être déduit d’un devoir. Il n’en est pas moins vrai que les choses ont légèrement changé d’aspect et que la tâche acceptée est maintenant une tâche réclamée. Ce qui fut nécessité est devenu revendication. Une vraie révolution sociale s’est accomplie sous nos yeux distraits, tandis que les canon grondait et que d’autres spectacles les accaparaient. Les femmes préparent leur sexe pour l’après-guerre, disait un spirituel chroniqueur, avec la même méthode et la même ténacité que les Allemands ont mises à préparer la guerre. Une enquête — nous pourrions dire plus d’une, — a été faite sur le rôle des femmes après la guerre. Et, parmi les réponses, nous en citerons deux : la réponse d’une femme, Mme de Witt-Schlumberger : « La femme est à un tournant de son histoire, » et la réponse d’un homme, ; M. le bâtonnier Henri Robert, qui dit la même chose sous une autre forme : « La guerre a été le 89 des femmes. » « L’heure des femmes a sonné, » a écrit de son côté le dernier rapporteur du budget de l’Instruction publique à la Chambre des députés.