Quelle éducation donnerons-nous à nos filles en vue d’un pareil avenir ? Sans doute, beaucoup de carrières qui se sont ouvertes aux femmes, sous nos yeux, ne supposent pas qu’elles s’y soient préparées de loin. La question n’en subsiste pas moins pour quelques-unes de ces carrières, et même en un sens pour toutes. Car il s’agit, à défaut d’une préparation proprement dite, d’une orientation générale de notre pédagogie féminine. Quelle est-elle à l’heure présente ? — Nous n’avons pas l’intention de faire une revue complète, à tous ses degrés, de l’enseignement féminin. Peut-être est-ce du développement de l’enseignement professionnel des jeunes filles et de la direction qui lui sera donnée qu’il faut attendre les réformes les plus utiles. Ce n’est pas lui cependant, mais c’est l’enseignement secondaire qui nous arrêtera, et cela pour deux raisons : c’est l’enseignement secondaire des jeunes filles qui vient de donner lieu à des projets de réforme, à des discussions souvent passionnées. Il y a là un fait qui s’impose à nous ; et c’est l’idée de porter ce débat devant les lecteurs de la Revue qui nous a mis la plume à la main. De plus, et c’est notre seconde raison, tandis que l’enseignement primaire est presque rigide dans ses contours, l’enseignement secondaire, parce que ses contours à lui sont moins strictement définis, parce que la plus grande richesse de son programme en fait la plus grande souplesse, sollicite en quelque sorte la polémique et s’infléchit selon les actions et les pressions du dehors. — L’enseignement secondaire des garçons n’a eu que trop d’occasions de faire preuve de cette élasticité. — Mais du coup de barre qu’il subit l’effet s’étend et le dépasse. Quand on a cru ne décider que pour lui, on a, même sans le vouloir, imprimé une direction plus ou moins obscurément sentie, et qui s’insinue même dans les enseignements rigides dont nous partions tout à l’heure. Alors même que rien ne paraît changé, quelque chose est changé. Il n’y a pas d’enseignement si modeste, et condamné, semble-t-il, par cette humilité même à une sorte d’immobilité, que n’atteigne le contre-coup de réformes et de mouvements d’idées qui cependant ne le visaient pas.
L’enseignement secondaire des jeunes filles a vécu à peine