Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/529

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et il faut aller jusqu’à la seconde République pour que de véritables obligations atteignent les communes, en attendant qu’elles atteignent les enfants eux-mêmes.

Si telle est la situation de l’enseignement primaire, quelle peut bien être celle de l’enseignement secondaire pendant la même période ? Elle est moins mauvaise qu’on ne pourrait le supposer. M. Gréard a raconté cette histoire. Le besoin créa l’organe, et nous assistons à une sorte de génération spontanée de l’enseignement secondaire féminin. À la suite et à l’imitation des établissements de la Légion d’honneur, d’autres établissements se fondent. La vocation pédagogique pour quelques maîtresses, et tout simplement la recherche d’un gagne-pain pour d’autres, est à l’origine de ces fondations. Cela se passe donc dans le plus grand désordre. Mais peu à peu l’ordre sort du désordre. Une sorte de hiérarchie s’établit même entre les établissements ouverts ; et, au-dessus des écoles primaires et primaires supérieures, il y a jusqu’à deux degrés d’enseignement secondaire que représentent les pensions et les institutions. Il y a des examens différents pour être maîtresse de pension et pour être maîtresse d’institution. Les institutions se distinguent par l’enseignement de la littérature française et de son histoire, par l’enseignement de l’histoire et de la géographie anciennes, voire par celui de la cosmographie. M. Gréard compte, en 1845, plus de 15 000 élèves dans les pensions et les institutions, en comprenant dans ce nombre, j’imagine, les élèves des classes primaires qui leur étaient annexées. Un type d’enseignement original, et qui eut une longue vogue, fait en outre concurrence aux pensions et aux institutions, ce sont les cours, auxquels restent attachés les noms de Lourmand, de Lévi-Alvarès et de Cortambert. Le cours n’a lieu qu’une fois par semaine. La mère y assiste. Elle est la collaboratrice du maître, et dirigera pendant toute la semaine, selon les indications reçues au cours, l’éducation de sa fille. Ge sont les mères institutrices ou du moins répétitrices. Cet appel à la collaboration des mères provoqua un véritable enthousiasme et sembla réaliser un idéal.

Ce qui caractérise encore cette période d’histoire pédagogique qui correspond à peu près au gouvernement de Juillet, c’est une sorte d’effervescence, de recherche passionnée, de hâte vers des progrès dont la direction reste encore obscure. Toute