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scientifique, ainsi doté et ainsi compris, l’enseignement secondaire des jeunes filles dut, dès les débuts, son sérieux et comme sa gravité. Et comme les autres disciplines avaient reçu leur juste part, un équilibre, qui eut, encore une fois, plus de trente ans de stabilité, en résulta. Pendant une période où les programmes des garçons étaient souvent remaniés, ceux des jeunes filles donnaient aux familles la satisfaction d’être en présence de quelque chose qui dure et qui n’est pas sans cesse remis en question. — Cette satisfaction eut une fin, comme tout ici-bas.

Un examen clôturait les études ainsi faites, et conférait le diplôme de fin d’études secondaires. Un examen de moindre importance conférait, à la fin de la troisième année, le certificat d’études. Ces examens sont des examens intérieurs : seules, les élèves des lycées et collèges peuvent les subir, et elles les subissent dans l’intimité de la maison. Un président venu du dehors et, pour le diplôme, des professeurs du lycée de garçons voisin donnent au jury quelque solennité, et éloignent par leur présence le soupçon de partialité. En réalité, les élèves sont jugées par leurs maîtresses. Les épreuves portent sur le programme même de la classe qui s’achève. L’examen du diplôme est le dernier des examens de passage, nous disent ceux qui en réglèrent le statut. De ces caractéristiques diverses on lui fit longtemps autant de mérites, et on opposait à ces mérites les vices contraires du baccalauréat. Que les temps sont changés ! Le diplôme avait une dernière particularité, c’est de ne mener à rien, sauf à l’enseignement secondaire des jeunes filles lui-même, pour lequel il était le premier échelon. Mais, là même, le brevet supérieur lui était assimilé, tandis que, par un manque de réciprocité, pour les autres carrières et même pour les autres ordres d’enseignement, il n’était pas assimilé au brevet supérieur. Les créateurs du diplôme avaient voulu en faire un grade dépourvu de sanction : c’était son élégance. Peut-être avaient-ils visé trop haut, car on ne tarda pas à lui reprocher cette inutilité.

Mais l’intention des fondateurs de l’enseignement secondaire des jeunes filles ne fait pas de doute. Et le diplôme sans sanction répondait parfaitement à l’idée qu’ils se faisaient de leur œuvre. A cette conception un adversaire de la loi, M. Desbassyns de Richemont, opposait celle-ci qui ne retint