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répétés, avant que l’ennemi ait eu le temps de refaire le moral de son pays, un plan de guerre, comme de reconstituer ses forces et son matériel.

« Les Armées britannique et française, bien que fortement réduites, l’armée américaine, quoique incomplètement organisée, vont continuer en France leurs attaques sans arrêt et tant que la saison le permettra pour disloquer la résistance ennemie et produire de nouveaux reculs... »

L’Italie entrerait avantageusement dans le concert en attaquant de son côté et tous les moyens matériels lui sont offerts par la France à cet effet.

Ainsi, de la Mer du Nord à la Piave, c’est tout le front d’Occident que le Commandant en chef des armées alliées entend animer de son action. Et son autorité est telle, que déjà tous s’y rallient ou s’y soumettent avec une allègre confiance. La Nation salue en lui l’homme qui la libérera. Si, le 7 août, la dignité de Maréchal de France lui est conférée, c’est une sanction que l’Europe entière attendait et, autant que la reconnaissance des services rendus, la marque d’une autorité désormais consacrée et dont on attend encore de plus grands résultats.


L’ennemi était, au contraire, dès ces jours, passé de l’extrême présomption à une très vive inquiétude. Ludendorff, en un écrit postérieur, fera connaître que de l’attaque du 8 août datent pour lui les origines de la défaite, — j’y reviendrai. En fait, au soir même de la victoire française du 18 juillet succédant au meurtrier échec du 15 juillet en Champagne, le Haut Commandement allemand avait été étreint par l’angoisse.

L’armée allemande était moralement autant que physiquement ébranlée. La Nation, — pour la première fois, — avait senti le coup. Les dépêches de Wolff ne faisaient plus illusion. Ce n’était pas seulement dans les pays alliés et neutres qu’on souriait de phrases telles que celle-ci (dépêche du 19 juillet) : « Les buts que la poussée allemande se proposait sur la rive Sud de la Marne ont été pleinement atteints... La grave menace de notre avance a enfin déclenché la contre-attaque française attendue depuis longtemps. » Ce 19 juillet, un Allemand commentant cette dépêche, écrivait : « Les patriotes criaient : On va marcher sur Paris. Mais hélas ! la joie n’a pas duré longtemps ;