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Plessier et du bois Saint-Hubert. Mais dans la soirée, le débouché de la Luce ayant été considérablement élargi, les chars d’assaut s’ébranlent, et, en quelques heures, Villers-aux-Erables, Mézières, Fresnoy-en-Chaussée, Plessier-Rozainvillers sont enlevés. Par ailleurs, le 10e corps, massé dernière le 9e, utilise déjà la tête de pont créée sur l’Avre et prépare la seconde phase : l’encerclement de Montdidier.

Déjà la manœuvre est en voie de réussite. Elle est subordonnée à l’enlèvement d’Hangest-en-Santerre ; or, dès le 8 au soir, le village est atteint : le 31e corps emploie la nuit du 8 au 9 à hâter ses déplacements d’artillerie et à remettre en ordre ses chars d’assaut. La manœuvre se poursuivait avec une rigueur admirable, un ordre merveilleux, et le 9 août à onze heures, Hangest étant enlevé et même dépassé, tout le plateau était conquis. Le 9e corps, — sauf son artillerie, — s’effaçait, son rôle fini, pour laisser passer le 10e qui continuait, appuyé par les deux artilleries, à pousser vers l’Est. A la vérité, la résistance de l’ennemi s’accentuait, mais sur ces entrefaites la péripétie prévue au Sud se produisait. A 16 heures, le 35e corps, jeté par Debeney dans la bataille à l’heure même où le chef avait appris la chute d’Hangest, attaquait Assainvillers. L’ennemi ne s’attendait pas à cette attaque ; il fut surpris, bousculé défoncé ; de ce fait, il se creusait, dès la nuit, une poche, profonde de 5 kilomètres, au sud de Montdidier, très facilement débordé au Nord et rendu ainsi intenable. Ce soir-là même l’encerclement se resserrait par les progrès, au Nord, du 31e corps, et, à la nuit, les patrouilles françaises entraient dans la ville précipitamment abandonnée ; l’ennemi en effet se retirait en hâte par la route Montdidier-Guerbigny, mais laissait entre les mains de Debeney des milliers de prisonniers : la seule attaque du 35e corps au Sud en avait fait 1 300 en une heure.

Cette admirable manœuvre s’allait poursuivre en une autre. Foch pressait, dès le 9, Debeney de pousser vivement vers Roye « pour y tendre la main à la 3e armée française, » près d’attaquer en direction Sud-Ouest-Nord-Est. Le succès magnifique de ces deux jours de combats encourageait le nouveau Maréchal de France à oser plus ; rien de plus caractéristique de sa façon de voir et de dire que la lettre au Commandant de la 1re armée. « Quand le résultat sera obtenu (Roye), la situation