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seule indiquera ce qu’il y a lieu de faire : s’arrêter ou aller encore de l’avant. C’est précisément. parce qu’on ne peut le fixer aujourd’hui, qu’il ne faut s’interdire aucune possibilité ; » dans ce dessein et à aucun prix, il ne faut renvoyer de division en arrière ; « donc aller vite, marcher fort, en manœuvrant par devant ; appuyer par derrière avec tout le monde jusqu’à obtention du résultat. » Il insistait encore, dans la soirée : il fallait que le 31e corps fût poussé par Roye « tambour battant, » car c’est là qu’était « la grosse décision. »


L’avance de Debeney était d’ailleurs facilitée par les succès que Rawlinson continuait, les 9 et 10, à obtenir à notre gauche dans le Santerre. Ce ne pouvait plus être l’avance du 8 qualifiée, à juste titre, de « foudroyante » par le maréchal Haig. Mais l’exploitation de cet heureux assaut se poursuivait avec suite, méthode et bonheur.

Les Britanniques rencontraient, dès le matin du 9, la plus vive résistance sur la ligne Beaufort-Vrely-Rosières-Framerviile : ils foncèrent sans hésiter et firent fléchir l’ennemi ; il s’en suivit une progression très rapide pendant quelques heures ; on vit un régiment de hussards emporter « d’un temps de galop » Meharicourt ; toute la cavalerie, d’ailleurs, traversant l’infanterie sur la nouvelle ligne conquise, talonnait la retraite allemande, parfois éperdue. Le soir, on tenait Bouchoir, Rouvroy, Maucourt et Framerville, on atteignait les abords Ouest de Lihons et les lisières même de Proyart. Chaulnes semblait menacé par le Nord et si Chaulnes tombait, Roye, sur le même méridien plus au Sud, attaqué par les Français, devenait intenable.

L’offensive s’élargissait par surcroît au Nord ; le 3e corps britannique appuyé par un régiment américain avait, dès le 9 au soir, attaqué sur la rive droite de la Somme et atteint une ligne à l’Est de Chepilly, Morlancourt et Dernancourt, couvrant ainsi contre toute contre-attaque venant du Nord la profonde poche creusée ; le 10, l’armée britannique avançait encore de plus de 5 kilomètres, atteignant, au Sud de la rivière, la ligne Etinehem, Méricourt, Ouest de Proyart, Framerville, Chilly, Fouquescourt, l’Est de Quesnoy-en-Santerre. Et si l’avance du 11 et du 12 devait être très restreinte, c’est qu’installé sur de