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solides positions (l’ancienne organisation défensive Roye-Chaulnes), l’Allemand opposait une résistance d’autant plus opiniâtre, qu’attaqué, sur ces entrefaites, sur son flanc droit, il se sentait, s’il reculait encore, exposé à le faire dans les pires conditions.


Foch ne songeait qu’à élargir une partie si brillamment engagée. Cette belle bataille du Santerre, cette savante manœuvre de Montdidier lui étaient la nouvelle preuve du parfait état où troupes et États-majors alliés se trouvaient décidément. L’ennemi, surpris, refluait vers l’Est. Le 10, l’armée Debeney, achevant sa manœuvre, l’avait encore refoulé au delà d’Andechy, de Guerbigny, de Marquivillers, de Grevillers, de Remangis et de Bus.

Et tandis que Foch incitait Haig à déclencher une offensive de sa 3e armée, au Nord de la Somme, en direction de Bapaume et Péronne, le grand chef suivait d’un œil satisfait l’attaque de la 3e armée française déchaînée à la droite de l’armée Debeney.

Le 10 au matin, en effet, l’offensive, si fermement conçue et ordonnée par Fayolle à la 3e armée, s’était exécutée avec l’allant qu’on pouvait attendre des soldats du général Humbert. Préparée depuis dix jours, l’opération avait été montée dans le plus grand secret. Elle avait débuté à 4 heures 20 avec la plus grande violence sur le front compris entre Chevincourt et Courcelles-Epayelles, en liaison étroite, au Nord de cette localité, avec la 1re armée et en direction de Lassigny. L’infanterie s’était élancée à l’assaut avec un rare ensemble et avait, sur une profondeur de plus de 5 kilomètres, reconquis la plus grande partie des positions perdues en juin et même en mars ! le plateau d’Orvillers, les bois de Mortemer et de Ressons et le. cours du Matz ; elle atteignait, en fin de journée, du Nord au Sud, la ligne La Porte-Conchy-les-Pots-station de Roye-sur-Matz-Mareuil-Lamothe-Elincourt-Sainte -Marguerite-Chevincourt-Machemont, menaçant nettement le massif de la « Petite Suisse. » Dès le 10 au soir, Humbert donnait l’ordre de déborder le massif par le Nord en marchant sur Lassigny. Malgré une très forte résistance, nos troupes s’emparaient du Bois Allongé au Nord, de la ferme Canny, des abords de Gury,