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tandis qu’au Sud, on pénétrait dans le massif ; 2 000 prisonniers restaient entre nos mains avec 46 canons. La gauche et le centre progressant aussi, Humbert portait sa droite au Nord de l’Aronde avec l’idée de l’engager ultérieurement dans la direction de Cuvilly-Canny. L’action devait être reprise le 12, de manière à bousculer sans répit les arrière-gardes de l’ennemi et d’atteindre l’objectif final de l’armée, c’est-à-dire le front Noyon-Bussy.


Le 10 août au soir, Foch avait adressé une directive générale de laquelle il résultait que, tout en préparant ou poursuivant l’attaque par les ailes, les Alliés devaient, par leur centre, marcher délibérément vers l’Est en direction générale de Ham. Le 12, il écrivait à ses lieutenants : « Il importe d’obtenir de la bataille en cours le résultat maximum qu’elle peut donner et d’exploiter à fond la pénétration profonde obtenue les 8, 9, 10 août par la 4e armée britannique et la 1re armée française. » Il n’y avait pas lieu, en présence de la résistance offerte par l’ennemi, de pousser uniformément sur tout le front, « ce qui conduirait à être faible partout. » Il y avait lieu, au contraire, « de viser par des actions concentrées et puissantes les points importants de la région, c’est-à-dire ceux dont la possession augmenterait la désorganisation de l’ennemi, en particulier en compromettant les communications. » Il ajoutait : « Depuis le 15 juillet, l’ennemi a engagé dans la bataille 120 divisions. Il y a aujourd’hui une occasion à saisir qui ne se retrouvera sans doute pas de longtemps et qui commande à tous un effort que les résultats à atteindre justifient pleinement. » Les résultats à obtenir, donc à rechercher entre la Somme et l’Oise, étaient pour la 4e armée britannique d’atteindre la Somme en aval de Ham, pour la 1re armée française d’appuyer cette marche en visant la route Ham-Guiscard, la Se armée française gardant la mission de nettoyer d’ennemis la région de Noyon.

Mais déjà l’esprit du grand chef allait au delà du champ de bataille du moment. Les résultats cherchés pouvaient être obtenus par une nouvelle extension de la bataille sur ses deux ailes, au Nord de la Somme d’une part, à l’Est de l’Oise d’autre part : au Nord de la Somme par une attaque de la