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3e armée britannique (Byng) en direction de Bapaume-Péronne qui peut « avoir pour conséquences de déborder la défense que l’ennemi opposerait sur la Somme et le contraindre à un repli plus ou moins accentué, » et, à l’Est de l’Oise, par une attaque de la 10e armée française (Mangin) en direction de Chauny et de la route Chauny-Soissons « pour forcer l’ennemi à abandonner tout le massif montagneux et boisé s’étendant entre Noyon-Guiscard et Tergnier. » Toutes ces opérations se devaient préparer et exécuter promptement.

En attendant, les 4e armée britannique, 1re et 3e armées françaises continuaient, dans les journées des 12, 13 et 14, à attaquer. Mais partout la résistance de l’ennemi se faisait plus tenace. Assis maintenant sur d’anciennes positions, jadis, — aux triomphants jours de mars, — laissées loin derrière lui, l’Allemand luttait pied à pied. Les armées Rawlinson et Debeney semblaient, partant, bien définitivement arrêtées et ne progressaient pour ainsi dire plus, dans ces trois journées, tandis que la 3e armée s’emparait des abords de Plémont d’une part, et, de l’autre, de Ribécourt, mais au prix des plus rudes efforts ; et de pertes grossissantes.

Il était clair que la bataille, si on ne voulait la laisser mourir, devait être, ou reprise sur la ligne conquise par de nouvelles préparations, ou portée tout à fait sur les ailes.


Cette dernière hypothèse seule séduisait le maréchal Haig. Il considérait que la « bataille d’Amiens, » entreprise le 8, « était close. » Celle qu’il faudrait livrer en direction de Péronne, Nesle et Noyon offrirait les plus grandes difficultés.

« La zone de bataille dévastée qui s’étendait maintenant devant nos troupes, couturée de tranchées, criblée de trous d’obus, traversée dans toutes les directions par des réseaux de fil de fer, partout recouverte d’une végétation sauvage datant de deux ans, offrait des chances incomparables à une défensive obstinée par les mitrailleuses. » Les attaques des 14 et 15 août prouvaient que l’ennemi, « sérieusement renforcé, » était prêt à accepter la bataille sur ce terrain difficile. Dès le 14, Haig avait avisé Foch que, renonçant momentanément à la marche sur Roye, il entendait reporter exclusivement son effort au Nord de la Somme et même au Nord de l’Ancre. Foch eût entendu