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que l’opération par les ailes, — la gauche comme la droite, — ne fit point tort à celle qui, depuis le 8 août, avait obtenu do si grands succès. Il fut convenu qu’une pression ne cesserait pas d’être exercée sur le front allemand de la Somme à l’Oise, mais Haig était autorisé à suivre son inspiration en reportant ses forces d’attaque au Nord de l’Ancre. Debeney repasserait sous les ordres de Fayolle et de Pétain ; ce dernier était invité a combiner les actions des 1re, 3e et 10e armées pour dégager la région de Lassigny-Noyon-Forêt de Carlepont et préparer le nettoyage ultérieur de la région Roye-Chauny-Noyon.

La bataille, en somme, ne cesserait pas. En même temps que l’armée Byng attaquerait au Nord de l’Ancre, l’armée Mangin attaquerait à l’Est de l’Oise, tandis que, de leur masse, les armées Rawlinson, Debeney et Humbert pèseraient sur le front ennemi, prêtes à sauter sur l’Allemand au cas où de grands succès obtenus aux ailes le contraindraient à un repli sur la ligne Péronne-Guiscard-Chauny.

Les attaques sur les deux ailes étaient fixées au 20, au plus tard.

La « bataille d’Amiens-Montdidier » était donc close, et certes, elle avait obtenu tous les résultats recherchés. La ligne de Paris à Amiens, largement dégagée, rendue à la circulation, — précieuse ressource à la veille d’opérations élargies vers le Nord, — Amiens dérobé au feu de l’ennemi, Montdidier reconquis et très largement dépassé, le rempart de l’Ile-de-France réoccupé des hauteurs d’Orvillers à la « Petite Suisse, » c’était beaucoup pour six jours de combats ; mais en outre 30 000 prisonniers avaient été faits, 600 canons enlevés, un matériel énorme raflé à l’ennemi surpris, ce qui portait à 128 000 le nombre des prisonniers faits, à 2 069 celui des canons conquis, à 13 783 celui des mitrailleuses capturées, depuis le 15 juillet. On imagine ce que pouvait être le désarroi de l’armée allemande après ce nouveau coup. Le moral y était au plus bas. Ludendorff révélera plus tard que des divisions allemandes entières avaient, les 8, 9, 10 août, « fait défection. » S’il s’estimait momentanément en sûreté, terré de nouveau dans les anciennes positions du front Chaulnes-Ribécourt, l’Allemand n’avait pu rétablir son front, lit-on dans une brochure éditée par le 2e bureau du Grand Quartier français, que