Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grâce à l’appel de réserves importantes : en sept jours, les 18 divisions allemandes, en ligne d’Albert à l’Oise, avaient dû être renforcées par 20 divisions tirées de tous les fronts. En outre, 4 autres divisions arrivaient qui devaient être engagées les jours suivants sur ces lignes hâtivement reconstituées ; car la menace que Foch maintenait sur elles par l’action des 1re et 3e armées, empêchait l’ennemi de les dégarnir. Tout cela épuisait l’armée allemande et mettait sur les dents son Haut Commandement.

En fait, les armées du groupe Fayolle, Debeney et Humbert n’avaient plus pour mission que « d’accrocher » l’ennemi pour qu’attaqué sur ses ailes, il ne pût dégarnir son centre. Elles s’acquittaient de cette mission dans les journées des 16, 17, 18, 19 août, ne cessant d’alerter par des attaques locales très vigoureuses l’adversaire, de le fatiguer et de le retenir.

Et cependant, de grands coups allaient se porter au Sud comme au Nord de la ligne de bataille si glorieusement conquise.


L’ATTAQUE SUR LES AILES
18-26 août.

Le premier acte de la bataille de Picardie était clos : à peine peut-on dire qu’il y ait eu entr’acte entre ce premier et le deuxième, puisque Debeney, Humbert, nous venons de l’indiquer, et Mangin, nous le verrons, par ses attaques préliminaires, allaient remplir ce court entr’acte du bruit de leurs canonnades et parfois de leurs mitraillades.

Il n’en va pas moins que, du 14 au 18, une accalmie relative se produit. Bien peu d’instants, les Allemands purent se faire illusion. Nous savons que ce n’était que le silence, — ou le demi-silence, — précurseur d’un nouvel orage.

En fait, tout s’apprête avec une extrême célérité pour que la bataille, ralentie au centre, reparte sur les ailes. Un grand effort se prépare qui, du 18 au 26 août, va, après de magnifiques succès, aboutir au but cherché. Car les Allemands battus à leur aile droite par les armées britanniques de Byng et de Horne, dans cette « bataille de Bapaume, » qu’on pourrait, d’un terme moins étroit, appeler la bataille d’entre Somme et Scarpe, battus à leur aile gauche par l’armée Mangin dans la