Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bataille des plateaux entre Aisne et Oise, seront contraints de se replier sur la Somme et le canal du Nord, permettant aux Allies d’atteindre ce front Bapaume-Péronne-Nesle-Noyon, où déjà les avait acheminés l’assaut des 8-12 août. C’est le second acte de la bataille de Picardie. Son dénouement nous mettra dans la situation de tenter presque immédiatement un troisième effort qui, nous portant au delà de l’Ailette et au contact de la « position Hindenburg, » obligera, par une inéluctable conséquence, l’ennemi à se replier de la Vesle sur l’Aisne, déjà bien près d’être par nous franchie. Ce sera le troisième acte qui prendra fin le 6 septembre, — et, avec lui, la bataille de Picardie sera close.

Le deuxième acte devait être, avant même que le signal fût partout donné, ouvert par le général Mangin, lancé par Fayolle.

Encore que s’étant bien peu reposé depuis sa dernière action, il bouillait sans doute de repartir, car averti qu’éventuellement il aurait à engager son armée, il l’avait alertée dès le 10 en des termes fort pressants. Transmettant à ses subordonnés, ce jour-là, les instructions de Fayolle, il avait ajouté, — ce qui était tout un programme : — « Il est temps de secouer la boue des tranchées. »

Ces instructions portaient que, lorsque l’ennemi aurait été, par la 3e armée, refoulé sur la Divette, « la gauche de la 10, devrait faire sentir son action... » Le premier objectif serait la route de Noyon à Coucy-le-Château dans la région Mont de Choizy-Cuts-Camelin, le deuxième, après nettoyage du bois de Carlepont, la ligne de l’Oise en amont de Pontoise.

Ce projet primitif d’opérations s’était, après le 10, singulièrement étendu. Mangin avait réclamé des troupes, des chars sn quantité, une forte dotation d’artillerie, car « il s’agissait cette fois de la rupture d’un front depuis longtemps fortifié. » Le 15, un ordre général fixait l’attaque au 18 août. L’objectif donné le 10 était maintenant considéré comme un minimum : on gagnerait aussi loin que possible pour atteindre, le 18e corps l’Oise et le confluent de l’Ailette, le 7e corps l’Ailette, le 30e corps la ligne Crécy-Juvigny, le 1er corps le Nord du ravin de Juvigny.

L’attaque se déclencha le 18, mais simplement préparatoire l’offensive projetée. Faisant cependant plus de 3 000 prisonniers,