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part dans ses doctrines de la Politique touchant !a majesté des élus sacrés du Très-Haut.

Mais si les architectures dont il était environné l’impressionnèrent peu ou point, je n’en dirais pas autant des gens qu’elles logeaient, ni de la vie que cet observateur y voyait vivre.

Au Louvre, depuis la fin de 1632, ce n’est pas le Roi seul qui fait sa résidence officielle : il loge avec lui son frère, Mazarin avec ses nièces, la princesse Palatine, le maréchal de Villeroy, le duc d’Anville, plusieurs grands officiers, parfois (temporairement) des ministres, — tout l’état-major et toute la « Maison » du jeune souverain et de la Reine-mère régente. — La paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois, — où se trouvaient et le palais du Louvre et le Doyenné, — et tout le quartier environnant ne sont pas moins brillamment peuplés. Dans cette région, — que bornaient au midi la Seine, à l’Ouest les « jardins de Mademoiselle, » et Saint-Roch, au Nord la Butte des Moulins et le Palais Mazarin, à l’Est les rues Coquillère, du Four et du Louvre et l’église Saint-Eustache, — habitaient la plupart des personnages notables de la grande histoire en train, presque tous les dirigeants de la France royale en sa splendeur.

Même, de cette collection d’hôtels anciens, portant les noms de tous les collaborateurs de l’établissement monarchique depuis le dernier règne, ce ne sont pas les moins intéressants qui sont les plus proches du Doyenné. A quelques pas, dans la rue Saint-Thomas du Louvre, se dressent côte à côte l’hôtel de Rambouillet et l’ancien hôtel d’Epernon, celui-ci devenu l’hôtel de Chevreuse, et où, en 1663, quatre ans après l’arrivée de Bossuet à Paris, la duchesse de Longueville allait se fixer.

Or, sa demeure deviendra tout de suite le quartier général du jansénisme. Là se tiendront dix ans durant, non seulement les conciliabules des « mères de l’Eglise, » mais aussi ceux des savants et énergiques docteurs augustiniens, en plein combat contre l’Eglise établie. Et grâce à la « qualité » de la maîtresse de maison, intangible, ce siège de leurs réunions leur servira parfois d’asile. Les hôtes du Doyenné ont pu voir, par le cul-de-sac qui rejoignait les derrières de l’hôtel, les « messieurs » de Port-Royal persécutés se glisser furtivement le soir. Et le jour, c’était la grande frondeuse, passée dévote, qui circulait,