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le fougueux imitateur des puretés et duretés de l’Eglise primitive. Les hommes transigent, et les meilleurs.

Les femmes sont plus difficiles. Les religieuses de Port-Royal veulent bien obéir au Pape et aux évêques, mais en disant jusqu’où, et sans abdiquer leur conscience propre, et en la libérant publiquement. Elles veulent bien croire, mais en précisant à quoi. Elles ne veulent ni affirmer, ni même donner à penser qu’elles concèdent que les propositions soient dans Jansénius, Elles veulent bien condamner, mais en disant ce que et qui elles ne condamnent pas. Elles veulent ne paraître ni dupes, ni lâches et ne trahir ni les maîtres qu’elles révèrent ni leur conscience. Elles prient donc qu’on leur fasse des mandements explicatifs dont la teneur leur convienne, représente adéquatement leurs scrupules et réserves, ou bien, si les évêques, grands vicaires et docteurs sont incapables d’être leurs truchements satisfaisants, elles prétendent qu’on les laisse mettre autour de leur souscription du Formulaire leurs restrictions ; — ou bien, enfin, tout simplement, qu’on les laisse tranquilles. Pourquoi ne se contenterait-on pas de savoir qu’elles sont bonnes catholiques en bloc et soumises en général aux volontés du Pape, et qu’elles acceptent docilement la croyance de l’Eglise dont il est l’interprète et le gardien ? Et alors, tandis que Blaise Pascal prêtait, dit-on, sa plume aux grands vicaires de l’archevêque de Paris pour rédiger un chef-d’œuvre de diplomatie équivoque, sa sœur Jacqueline écrivait une lettre, chef-d’œuvre de probité hardie, où se trouvait clairement exposé tout le plan de la campagne défensive que les religieuses suivirent de 1661 à 1608.) C’est un ultimatum, cette lettre. Voici ce qu’elle veut, ce que veut le couvent.

Premièrement, que le Formulaire soit « clair en tout ce qu’il contiendra, » mais clair absolument, vous entendez, quant au fond et au principal. « Il m’est indifférent de quels termes on use, pourvu qu’on n’ait nul sujet de penser que nous condamnons ou la Grâce de Jésus-Christ ou celui qui l’a si divinement expliquée. C’est pour cela qu’en mettant ces mots : (nous déclarons) croire tout ce que l’Église croit, j’ai omis ceux-ci : (nous déclarons) condamner tout ce qu’elle condamne... Je crois qu’il n’est pas temps de le dire, de peur que l’on ne confonde l’Église avec les décisions présentes. » Outre ce Formulaire revu, corrigé, éclairé, elles veulent par surcroit une déclaration préliminaire