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et complémentaire. « On pourrait mettre, ce me semble, à la tête du mandement ces paroles : « Comme, dans l’ignorance où nous sommes, tout ce qu’on peut désirer de mieux par la signature qu’on nous propose, c’est un témoignage de la sincérité de notre foi et de notre parfaite soumission à l’Eglise, au Pape qui en est le chef, à Mgr l’Archevêque de Paris notre supérieur, — quoique nous ne croyions pas qu’on ait le droit de demander, en cette matière, raison de leur foi à des personnes qui n’ont jamais donné sujet d’en douter, — néanmoins, pour éviter le scandale et les soupçons que notre refus pourrait faire naître, nous témoignons, par ce témoignage public que... nous voulons vivre et mourir humbles filles de l’Église catholique, croyant tout ce qu’elle croit, et étant prêtes à mourir pour la moindre de ses vérités. »

Et c’est ainsi, avec ces stipulations et sous ces conditions, que la première fois elles signèrent [1].

Plus tard, ce n’est pas seulement une « tête » au mandement qu’elles demandent, c’est une « queue », une explication de leur signature. Elles veulent qu’on sache, d’abord qu’elles protestent contre ce procédé tyrannique d’une déclaration de foi « par autorité du Roi, » et qu’elles « se rendent à la violence. » Elles veulent qu’on sache, ensuite, qu’elles ne souscrivent qu’à un texte qu’autorise leur propre pensée. Elles ne veulent pas d’une formule qui « donne sujet aux malicieux d’assurer » qu’elles sont « demeurées d’accord de tout et qu’elles condamnent la doctrine de Jansénius, clairement condamnée dans la dernière bulle. » Elles ne veulent pas d’un procédé de faiblesse laissant supposer aux fidèles « qu’elles aient soit condamné, soit seulement fait semblant de condamner la vérité. » Telle est, nettement établie et délimitée, la position d’idées où, sept ans constamment, elles se tiendront.

Et dans quelle attitude et de quel air ! C’est cela encore, qu’il faudra se rappeler tout à l’heure pour entendre le langage de Bossuet et sa tactique. Déjà les paroles de Jacqueline Pascal les dressent bien à nos yeux telles qu’elles sont, ces révoltées. Elle a beau dire : « Nous demeurerons dans les termes d’un simple gémissement, et dans la douceur de la patience. » Combien la réalité est différente ! A genoux, gémissantes ? Point.

  1. Le texte de la première « tête » qu’elles mirent au mandement est dans Besoigne, Histoire de Port-Royal, t, I, p. 439.