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si l’on veut ; le nom importe peu) stipulent le minimum des forces de terre et de mer que chacun des contractants doit présenter en ligne. On peut légitimement observer, il est vrai, que les guerres modernes mettant en jeu, non plus seulement des armées de métier à effectifs limités, mais des peuples entiers qui jettent dans la balance tous leurs hommes valides de dix-huit à quarante-huit ou cinquante ans, cette stipulation perd de son intérêt.

Ce n’est pas tout à fait mon avis. Un peu de précision n’est jamais inutile ; mais je reconnais que ce qu’il faudrait surtout bien établir, c’est l’engagement pour les États-Unis d’amener sur notre sol, au cours de la première quinzaine de la guerre, — de « l’agression allemande, » pour parler net, — une armée composée de tels et tels éléments. J’ajoute que l’on peut d’ores et déjà considérer comme réalisable et par conséquent comme pouvant être inscrit dans une convention militaire annexée au traité, l’engagement de nous amener, au cours de la première semaine, les portions les plus mobiles, en personnel et en matériel, de cette armée d’opérations. Et par quels moyens ? Par la combinaison des appareils aériens et des grands transports à marche rapide.

La preuve est faite aujourd’hui de la possibilité de traverser l’Atlantique dans des dirigeables ou de grands aéroplanes. Ne nous arrêtons pas aux inutiles contestations qu’engendre chez nous, en présence de faits de cet ordre, un sens critique vraiment trop aiguisé.

Qu’il y ait encore bien des progrès à faire pour pouvoir confier aux appareils aériens le transport d’une fraction d’armée, d’une avant-garde, si l’on veut, nul doute là-dessus.. Mais ces progrès seront faits. Ils le seront surtout avant que l’Allemagne, plus ou moins unifiée (il s’y produit en ce moment et à cet égard, des remous surprenants d’opinion), soit en mesure de chercher la guerre de revanche à laquelle, dès maintenant, songent les éléments pangermanistes et impérialistes qui s’appuient sur la Prusse, à jamais irréconciliable.

Les progrès auxquels je viens de faire allusion sont de plusieurs ordres. En ce qui touche à la fois dirigeables et aéroplanes, il faut d’abord obtenir des moteurs à peu près aussi sûrs que les moteurs marins du type ordinaire. Le moteur dit « du type aviation, » à explosion, est encore assez loin de cet