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de revient dans lequel il faut équitablement faire entrer celui de toutes les installations indispensables, à terre, des approvisionnements, outillage, engins et machines de rechange, sans parler d’un assez coûteux entretien et des éventualités de remplacement résultant de progrès rapides dans l’aéronautique générale ?

Une évaluation, même approximative, n’est pas aisée. Je crois qu’on dépassera le milliard. Mais qui sait jusqu’où s’élèveront, dans la période que nous traversons, les salaires d’un personnel ouvrier aussi spécialisé que celui dont il s’agit ici ?

Je disais tout à l’heure que, de 10 à 20 000 hommes, cela pouvait passer pour une assez sérieuse pointe d’avant-garde, même pour une grande armée. Je pourrais ajouter que la « grande tactique » a beaucoup changé, depuis cinq ans, notamment en ce qui concerne l’éclairage et le service de sûreté des grandes masses de troupes.

Mais il y a autre chose à dire de plus important encore, qui est que la guerre future, — je m’excuse d’être obligé d’employer cette expression ; mais quoi ! il faut s’y faire... — ne ressemblera probablement pas à celle qui vient de finir par la mise en jeu d’effectifs considérables. Si l’on en peut juger par les indications qui nous parviennent dès à présent, les Allemands s’attacheront surtout, au moins dans la première phase du conflit, à détruire nos forces organisées ou en voie d’organisation par des moyens empruntés à la science, à la chimie, par exemple. Et il est certain qu’un large champ leur demeure encore ouvert à cet égard, après l’emploi des explosifs violents et des gaz asphyxiants.

Il n’en restera pas moins la nécessité d’en venir aux mains, comme en toute guerre ; mais peut-être ne sera-t-il pas indispensable, — ni possible, — d’employer à la lutte directe de l’homme contre l’homme des effectifs aussi forts que ceux qui ont figuré de 1914 à 1919.

Et ceci nous conduit naturellement à rechercher par quels moyens nos adversaires éventuels s’opposeront à la réalisation de l’opération dont nous étudions la physionomie essentielle, l’opération du transport rapide, au travers de l’Atlantique, des premiers contingents américains.

Il faut, je crois, partir de cette idée que l’Allemagne, — l’Allemagne que nous avons si imprudemment laissée s’unifier