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procurer une amélioration de la situation actuelle (celle-ci est en fait facile à défendre, c’est une simple affaire d’organisations solides et répétées) ; fournir des objectifs faciles à conserver ; ne pas exiger un développement de front offensif. Tous ces avantages résulteront, naturellement, d’une bataille à portée peu étendue, vivement poussée pour cela, à l’inverse, par conséquent, d’une bataille qu’on arrête soi-même, ce qui est le contraire de l’attaque, de l’esprit d’offensive qui doit animer toute l’armée. »

La Directive s’impose les mêmes idées à l’ensemble des états-majors alliés. « Seule l’offensive permettra aux Alliés de terminer victorieusement la bataille et de reprendre, par l’initiative des opérations, l’ascendant moral. » Quelle que soit l’attitude à venir de l’ennemi, qu’il recommence ou non à attaquer, les armées alliées doivent être prêtes à passer à l’offensive. Les résultats les plus importants, en rapport avec les sacrifices à consentir, seront obtenus : 1° entre Oise et Somme (1re et 3e armées françaises et droite de la 4e armée britannique) une attaque combinée visant au dégagement de la voie ferrée Paris-Amiens et de la région d’Amiens ; 2° dans la région de la Lys (2e armée et gauche de la 1re armée britannique et Détachement d’armée du Nord français) par l’attaque combinée visant au dégagement des mines du bassin de Béthune et de la région d’Ypres.

Des notes détaillées étaient par ailleurs adressées aux Armées : les opérations y étaient, par le menu, exposées qui aboutiraient aux buts recherchés et, à la fin de mai, il semblait que les offensives alliées se pussent déclencher avant le milieu de juin.

Les Allemands ne devaient pas attendre cette riposte ; plus que nous, ils étaient pressés d’agir et, mieux que nous surtout, en position de le faire. La nomination de Foch au commandement des Armées alliées les avait émus ; sans doute faisait-on dire dans les journaux que ce ne serait là qu’une source de querelles entre alliés, que le nouveau généralissime allait entrer en conflit avec le général en chef des armées françaises (c’était bien mal connaître la vertu essentielle d’un Pétain qui est tout désintéressement et discipline) et que jamais, d’autre part, les Anglais n’accepteraient les directions d’un étranger — et c’était, cette fois, méconnaître aussi étrangement l’intelligence