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Prêtre, Vieilville en Haie, Thiaucourt, Lamarche en Woevre, Nonsard et le Joli Bois. Le 2e corps colonial français, au centre, s’emparait des lignes de Montsec, d’Apremont et des lisières Ouest du bois de Mormont, entrait dans Saint-Mihiel enfin délivré, tandis que le corps Cameron enlevait, avec Saint-Rémy, la colline de Combres. Les troupes du 5e corps américain entraient à Vigneulles tambour battant et se liaient avec leurs camarades du 4e corps, « fermant de la sorte, écrit Pershing, le saillant et formant un front nouveau, depuis l’Ouest de Thiaucourt jusqu’à Vigneulles, et au delà de Fresnes en Woevre. » Les Alliés avaient fait 16 000 prisonniers et pris 440 canons.

Dès le 12 au soir, Foch adressait ses félicitations à Pershing : « La première armée américaine sous votre commandement a remporté dans cette première journée une magnifique victoire par une manœuvre aussi habilement préparée que vaillamment exécutée. » De fait, l’affaire, rondement menée, donnait tous les résultats qu’on en avait attendus et déjà, avec une assurance sensiblement raffermie, les Américains s’apprêtaient à l’opération, à la vérité singulièrement plus difficile, que maintenant ils devaient tenter entre Argonne et Meuse. A la date du 26, on les verrait, en liaison avec l’armée Gouraud à leur gauche, partir à l’assaut des positions Kriemhilde, — en direction lointaine de Sedan.

Mais à la même heure, des Flandres à la Champagne, tout s’ébranlerait pour l’assaut de la ligne Hindenburg.


LA VEILLÉE DES ARMES
23-25 SEPTEMBRE

L’attaque de notre aile droite entre Meuse et Suippe se devait déclencher le 26 septembre, l’attaque du centre entre Somme et Sensée le 27, l’attaque de notre aile gauche entre Lys et Yser le 28. Cependant, aucune armée ne resterait tout-à-fait inactive entre Sensée et Lys comme entre Somme et Suippe et, en attendant l’assaut général du 5 octobre, on allait déjà voir s’allumer un cercle de feux, sans précédent dans aucune histoire.

L’ennemi ne pouvait guère se fier qu’à ses formidables positions. Il avait espéré qu’elles décourageraient l’adversaire et, en tout cas, que la nouvelle attaque de Foch serait à plus longue échéance. L’armée allemande sentait cruellement sa