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s’est parfois mieux défendu que les obstacles-naturels les plus rassurants.

L’effort allemand devait en effet se porter tout d’abord sur les plateaux ; c’est de la zone centrale, de Loeuilly à Berry-au-Bac, qu’il allait se produire ; ce n’est que les plateaux une fois emportés, que l’action devait s’étendre aux ailes, à l’Ouest, entre Pontoise et Loeuilly, à l’Est, entre Berry-au-Bac et Reims.

Le général von Boehn, commandant la VIIe armée allemande, était chargé des opérations entre l’Oise et Berry-au-Bac ; le général von Below, commandant la Ire armée, dirigerait celles qui se développeraient entre Berry-au-Bac et Reims. Quoique instruit de la relative faiblesse des contingents tenant les plateaux entre Ailette et Aisne, l’État-major allemand ne sous-estimait point la difficulté que constituait l’assaut donné à des positions si éminentes. Il fallait que, plus même qu’à la veille du 21 mars, l’attaque donnât sur ce point le maximum d’effet et que les plateaux fussent enlevés, si j’ose dire, à l’esbroufe. La brutalité du choc devait être portée au maximum en effet par l’emploi de tous les moyens : vingt-huit divisions avaient été engagées sur la seule zone centrale, dont onze étaient considérées comme de tout premier ordre et dix comme tout à fait bonnes ; ces divisions étaient au repos depuis le milieu d’avril et soumises à un entraînement intensif en vue de la nouvelle bataille. Toutes celles qui attaqueraient en première ligne avaient été choisies parmi celles qui, pour l’avoir défendu en 1917, connaissaient le terrain ; chose remarquable, certaines d’entre elles revenaient attaquer le secteur même où elles étaient en ligne pendant l’âpre bataille de l’année précédente.

En somme, les huit divisions françaises et les trois britanniques allaient être attaquées par des forces triples : de Berry-au-Bac à Courcy, 5 divisions allemandes contre 2 françaises, de Berry-au-Bac au plateau de Californie, 6 et bientôt 8 contre 2 ; plus loin 7, puis 10 contre notre seule 22e division, 4, puis 6, contre notre seule 21e division et 3, puis 5, contre la seule 61e. Et c’était l’élite de l’armée allemande, puisqu’on y voyait, entre autres troupes de choc, 4 divisions de la Garde, la division brande bourgeoise, le corps alpin. Cette accumulation de forces justifiait les espérances de l’Etat-major allemand et rendait presque impossible la résistance française.

Une masse d’artillerie fort supérieure encore à ce qu’on