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leurs attaques de la veille, nettoyaient la région entre Vendhuile et Marcoing. La grande action commençait.

Le premier obstacle à franchir était le canal de Saint-Quentin, fossé de la forteresse Hindenburg. Anglais et Américains se jetèrent à l’assaut de cet obstacle avec une fougue véritablement incroyable et, en quelques heures, il était, sur tous les points, franchi.

Tandis qu’au Nord, les 42e et 18e divisions britanniques enlevaient les pentes dominant Vendhuile, les Américains du général Read, « visant les profondes défenses de la ligne Hindenburg, » écrit Pershing, prirent d’assaut Bellicourt et Nauroy et, à la droite, Bony qu’ils n’abordèrent qu’après être stoïquement restés deux heures dans un ouragan de mitraille. Plus à droite, des divisions anglaises s’emparaient de Magny-la-Fosse, de Bellenglise, et, à 5 kilomètres même à l’Est du canal, de Lehancourt. Enfin la division d’extrême droite emportait la crête au Nord-Ouest de Thorigny et atteignait les abords du Tronquoy, appuyée par la gauche de Debeney dont nous dirons tout à l’heure les grands succès. Toute la ligne du canal était enlevée.

Cet assaut avait été magnifique. Américains et Britanniques avaient fait preuve d’une superbe émulation. On avait vu, sur le front du 11e corps américain, se multiplier les actes de courage presque surhumains, dont légitimement, le rapport du général Pershing s’enorgueillit et auxquels d’ailleurs le maréchal Haig rend un éclatant hommage. A Bellicourt, à Nauroy, à la ferme de Gillemont, ses soldats s’étaient trouvés engagés dans le dédale des défenses Hindenburg, se heurtant aux blockhaus, îlots de résistance qu’il avait fallu réduire un par un, parfois à l’arme blanche, tandis que les Australiens, accourant à la rescousse, complétaient le succès et achevaient le nettoyage. A Bellenglise, c’étaient des troupes anglaises qui avaient étonné leurs chefs eux-mêmes par la résolution méthodique avec laquelle elles avaient passé le canal. « Le village, écrit à ce sujet le maréchal Haig, est situé à l’angle du canal qui, après avoir coulé depuis Bellicourt dans la direction du Sud se dirige brusquement vers l’Est au tunnel du Tronquoy. Munie de ceintures de sauvetage et portant des paillassons et des radeaux, la 46e division se lança contre le bras du canal à Bellenglise et au Nord ; les hommes passèrent le canal sur des passerelles que l’ennemi n’avait pas eu le temps de détruire ; d’autres se laissant tomber