Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/820

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des murs à pic du canal, passèrent le canal à la nage ou à gué, escaladèrent le mur opposé et se portèrent vers les tranchées allemandes de la rive Est. Après avoir enlevé ces tranchées, les troupes d’attaque convergèrent à droite, prirent de flanc et à revers les organisations allemandes du bras oriental du canal et s’emparèrent de nombreux prisonniers et de batteries allemandes en action avant que l’ennemi eût pu se rendre compte d’où venait cette attaque. L’organisation de cette opération fut si minutieuse et si complète, son exécution par les troupes si brillante et si rapide, que cette seule division captura ce jour-là plus de 4 000 prisonniers et 70 canons. » L’épisode vaut la peine d’être retenu : nous donnant une idée de l’invincible bravoure avec laquelle Américains et Britanniques s’étaient jetés à l’assaut, il en explique l’étonnant succès.

Cependant, à la gauche de Rawlinson, Byng avait pris Masnières (Sud-Est de Marcoing), s’était saisi des passages de l’Escaut : on était parvenu ainsi aux lisières de Cambrai, tandis que, conquérant Saint-Olle et Sancourt, le corps canadien enveloppait la ville par le Nord.

Le combat ne cessait pas au Sud : le 30, les troupes de Rawlinson, élargissant la brèche faite à la ligne Hindenburg, pénétraient dans Thorigny, dans le Tronquoy, saisissaient le redoutable réduit qu’était le canal souterrain du Tronquoy et donnaient au nord de Saint-Quentin la main aux troupes de Debeney qui, depuis le 29, investissaient savamment cette redoutable position.


Debeney, d’accord avec Fayolle, n’avait pas voulu l’attaquer de front. Il était inutile de s’engager dans un combat de rues quand la ville encerclée pouvait tomber entre ses mains comme un fruit mûr. L’ordre du 25 à la 1re armée était un modèle de clarté et de vigueur. Tandis que le 36e corps rapprocherait sa contre-batterie de manière à prendre sous son feu les batteries allemandes au Nord et au Nord-Est de Saint-Quentin, le 31e attaquerait, à 7 kilomètres au Sud de la ville, le plateau d’Ervillers, couvert par le 8e corps opérant sur Cerisy. Lorsque la 4e armée britannique aurait franchi le canal à sa gauche, la 1re armée française déboucherait au Nord de la ville et ferait tomber la ligne de Saint-Quentin en la débordant. L’armée, sans