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de bataillons de chasseurs le traversa au tunnel du Tronquoy où il fraternisait avec les soldats de Rawlinson et atteignit à l’Est le bois où l’ennemi se défendait avec une singulière âpreté. Le 36e corps, à la même heure, investissait Saint-Quentin par le Sud, le tournait à l’Est, et jetait dans la ville un détachement, mais sa droite était arrêtée par une résistance d’heure en heure plus âpre. L’ennemi, que sa défaite imminente atterrait, réagissait avec une violence inouïe. Néanmoins, le 2, le 15e corps, élargissant son débouché aux abords de Lesdins, progressait au Nord de la ville, traversait le canal à Omissy, atteignait la voie ferrée et, en dépit de fougueuses contre-attaques, s’y maintenait. A droite, le 36e corps enlevait Itancourt (Sud-Est de Saint-Quentin), tandis que, plus au Sud, le 8e corps occupait Moy dans la vallée de l’Oise. Ce jour même, Saint-Quentin tombait entièrement entre nos mains et la première partie du plan de Debeney se trouvait réalisée.


A sa gauche, la bataille continuait à faire rage, du Tronquoy à Cambrai.

Le 1er octobre, Rawlinson, étroitement lié à la gauche de Debeney, avançait encore ; tandis qu’une division métropolitaine s’emparait de Levergies, à 7 kilomètres à l’Est du canal, les Australiens emportant Joncourt, Estrées et Bouy, commençaient par le Sud l’encerclement du Catelet. Ce même jour, la bataille s’était rallumée dans le Cambrésis où la division néo-zélandaise et une métropolitaine enlevaient Crévecœur et Ramillies, au Sud de Cambrai, et où les Canadiens, ayant nettoyé les hauteurs historiques de Ramillies, au Nord de la ville, assuraient leur gauche par la prise de Blécourt. La chute de Cambrai pouvait n’être qu’une question d’heures.

Avant même que la ville ne tombât, le Catelet succombait : le 3, Rawlinson attaquant entre cette ville et Sequéhart, enlevait les deux localités, ainsi que Ramicourt. Ce n’avait pas été sans une lutte violente, car, voyant la position Hindenburg enlevée en plus de vingt points et près d’être entièrement dépassée, l’ennemi, furieux, ne perdait pas l’espoir de s’y rétablir. Il disputait en tout cas le terrain, — et l’on sait à quel point celui-ci y était préparé, — pied à pied. La ligne Beaurevoir-Fonsonne, une des plus fortes de ce réseau de défenses,