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qui ont rêvé cette conspiration, n’a pas cru devoir se porter pour juge dans une affaire où il se regardait comme partie ; c’est sur quoi il s’est expliqué très positivement dans mille conversations, ainsi que sur l’opinion qu’il avait de l’innocence de mon mari. »

Dubois, duquel l’affaire dépend, adopte les conclusions du rapport que lui présente, le 12 juillet, Boucheseiche, le principal fonctionnaire de son administration. « L’ex-général Malet, a écrit Boucheseiche, prie M. le conseiller d’Etat de faire au ministre un rapport en sa faveur. Cet ex-général est du nombre des prisonniers d’Etat dont Sa Majesté a prononcé la maintenue en détention. Il a été compris dans l’état fourni le 9 février 1810, avec note indicative des motifs de sa détention. Le 28 mars dernier, lorsque le ministre demanda qu’on lui indiquât les individus qui, en considération du mariage de l’Empereur, paraissaient devoir être mis en liberté, l’ex-général Malet fut compris au travail ; mais M. le conseiller d’Etat, préfet, estima qu’il devait rester encore détenu dans la maison de santé où il est maintenant. Le ministre ne provoquant point de rapport sur lui, on estime qu’il n’y a aucun motif plausible pour en faire un, et qu’il y a lieu d’attendre l’époque annuelle où l’on présentera le travail général sur tous les détenus par mesure de haute police. »

Malgré cette décision qui ne semblait laisser aucun espoir, Malet écrit au bout d’un mois (10 août) à Savary, pour lui témoigner sa profonde reconnaissance des démarches qu’il a bien voulu faire auprès de Sa Majesté. Il voit avec regret que les préventions que l’on a cherché à donner contre lui à Sa Majesté sont enracinées dans son esprit ; mais il compte sur le ministre pour faire valoir près d’elle les services rendus et ceux qu’il serait encore disposé à rendre.

Une supplique de Mme Malet, en date du 11 juillet 1811, est la dernière qui ait été publiée jusqu’ici. On ne saurait douter qu’il ne s’en trouve d’autres, car, entre 1811 et 1812, Malet est dans une situation chaque jour plus difficile.

On a vu qu’il disait ne pouvoir profiter des congés qui lui étaient accordés s’ils n’étaient à solde entière ; les malversations qu’il avait commises à Rome étaient le fait d’un besoigneux plus que d’un déprédateur. Il n’avait point de fortune personnelle, et il paraissait avoir dissipé de longue date le petit bien