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occupé des situations brillantes, fût réduit à un aussi petit nombre de connaissances médiocres ; il est vrai qu’il est alors en prison.

En 1808 et 1809, avaient été autorisés à visiter Malet à la Grande Force :

Madame Malet et son enfant, rue des Saints-Pères, n° 75 ;

Madame Monsberger et sa demoiselle, rue Taranne, n° 27 ;

M. Deroisne, rue de Taranne, n° 27, — retourné à Mons ;

M. Rouget de Liste, rue du Montblanc, n° 8 ;

Mademoiselle Deste, rue des Saints-Pères, n° 75 (ou Dété) ;

Madame Boulaire, rue des Saints-Pères, n° 17 ;

M. Perrin, rue des Saints Pères, n° 75 (domestique du général Malet) ;

Madame Dubois, rue du Bac, n* 59 ;

Mademoiselle Adèle de Balan.

Sauf Rouget de Liste et Mlle Adèle de Balan, ce sont des voisins des Malet, rue Taranne et rue des Saints-Pères.

Chez Dubuisson, le cercle s’est élargi quelque peu, et le général Desnoyers, en particulier, est venu lui rendre des visites. Ce Desnoyers, auquel Malet fit quelques vagues confidences, était un soldat de l’armée royale, officier en 92, général de brigade en 94, rallié au parti royaliste à la fin de la Révolution, et entré en relations avec l’Agence d’Augsbourg qui l’avait pris à sa solde. Le marquis de Puyvert ayant mis sur pied « quelques projets dans lesquels, dit-il, se trouvaient mêlés le général Moreau, l’amiral Bruix et diverses personnes, » eut besoin d’envoyer quelqu’un au prétendant, et on lui fournit Desnoyers. Il le chargea de lettres pour le Comte de Provence à qui il en demanda pour les principaux individus qui promettaient leur appui [1]. » Desnoyers fut arrêté à Strasbourg lors de son retour de Varsovie, et Puyvert le fut en même temps à

  1. Puyvert ajoute : « Ce misérable avait le défaut de boire, et dans son ivresse de beaucoup parler, ce que M. de Puyvert ignorait complètement, quoiqu’il l’eût logé deux mois chez lui pour l’étudier. Il s’ouvrit indiscrètement avant son départ ; la police en fut instruite, et il rencontra à Francfort un ancien émigré de sa connaissance qui venait de l’armée de Condé, et qui était un espion des plus adroits. Sous différents prétextes, il se fit conduire par lui à Varsovie et ramener ensuite jusqu’à Francfort. En le quittant il monta dans sa voiture et revint en poste à Paris pour porter tous les détails de cette affaire qu’il avait soutirée du pauvre général en le faisant boire et surtout son adresse (?) en sorte que M. Puyvert fut arrêté chez lui deux heures après son arrivée, et Desnoyers le fut à Strasbourg ayant eu le temps de brûler ses papiers. »