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Que si l’on veut penser que pour chacun des quinze à vingt personnages principaux, nommés dans le Sénatus-consulte ou l’ordre du jour, il faut, outre « les pièces politiques, » une instruction particulière, qu’il en faut une pour chaque commandant des douze compagnies de la Garde de Paris, que chacune de ces pièces a certainement été rédigée, et dans tous les exemplaires qu’on a pu contrôler, recopiée par lui. « On peut juger de l’immensité de son travail, a écrit un contemporain qui put être bien instruit, par les nuances des rôles qu’il préparait, et par la nécessité de remettre à chaque partie, des copies des pièces fondamentales de son système, la proclamation du Sénat, et le Sénatus-Consulte...

« Le plus grand ordre devait aussi être observé dans toutes les opérations préparatoires, car aux difficultés déjà si grandes de l’entreprise, il ne fallait pas joindre celles que la confusion eût occasionnées.

« Pour obtenir cet ordre, dès qu’un rôle était complètement préparé, Malet avait soin que la dépêche fût à l’instant close, cachetée et numérotée. »

Il manquait encore au drame un accessoire indispensable : les costumes. Général de division, Malet devait en porter les insignes ; à Desnoyers, il fallait son uniforme ; à Rateau, une tenue d’aide-de-camp. Mme Malet prépara la malle contenant les uniformes, les chapeaux et les armes. il faut penser qu’elle s’était procuré les uns, qu’elle avait fait broder les autres. L’on ne peut douter dès lors, qu’elle ne fût au courant de la conspiration et l’alibi que Malet tenta de lui procurer en est une preuve nouvelle.


L’EXÉCUTION DU COMPLOT

Dans les premiers jours d’octobre, tout était prêt, et tous les actes étaient copiés [1]. Le 11, sur les indications de Lafon, Boutreux alla chez Mme Malet chercher la malle qui contenait les armes et les uniformes ; il était porteur d’une lettre que Malet destinait sans doute à innocenter sa femme dans le cas d’un

  1. Boutreux avait fait au moins quatre copies du Sénatus-Consulte, six de l’Ordre du jour, cinq du bon sur le trésor, une enfin de la lettre au Commandant du dépôt du 32e d’Infanterie. Toutes les autres copies étaient de la main de Malet.