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(au Sud-Ouest de Soissons) et visait à couvrir, plus au Nord, la trouée de l’Aisne en organisant une autre ligne de défense entre Chaudun et Nouvion-Vingré (Nord-Est de Vie-sur-Aisne). Le 1er corps organiserait et tiendrait cette ligne à la gauche de la 6e armée.

Le général Duchêne était arrivé, dans la journée du 28, à regrouper tant bien que mal ses troupes désemparées ; le 21e corps, — un des meilleurs de notre armée, — était maintenant à sa disposition et son commandant, le général Dégoutte, — un des plus remarquables d’entre nos chefs — avait pris le commandement d’un des groupements, celui qui, à droite, essaierait de défendre la vallée de l’Ourcq dans la région de Fère-en-Tardenois. Les 30e, 11e, 21e corps liaient maintenant à peu près leur action, de la région de l’Aisne à l’Ouest de Soissons à celle d’entre Vesle et Ardre, en passant par la vallée de la Crise et le Tardenois.

A notre gauche, dans les journées des 29 et 30, la résistance s’accentuait ; si, à l’Ouest nous étions encore ramenés vers l’Aisne par la perte des plateaux de Blérancourt et Vezaponins, et sur la lisière de la forêt de Villers-Cotterets par l’abandon de la Crise, notre recul se faisait plus lent. A notre droite, le général Micheler, accouru de Méru à Cumières et ayant pris le commandement des troupes opérant entre Arcis-le-Ponsart (sud de Fismes) et Prunay (sud-est de Reims), enraiera bientôt, avec les forces les plus disparates, l’avance ennemie au Nord et à l’Est de Reims.

C’est au centre d’ailleurs que la poussée allemande se fait plus violente encore dans les journées du 29 mai au 1er juin. L’ennemi vise maintenant nettement à atteindre la Marne : « C’est une question d’honneur pour nous, dit le général commandant la 231e division, le 29 au soir, d’atteindre la Marne demain. » C’est dès lors entre les divisions allemandes de von Bœhn une course à la Marne à laquelle ne peuvent s’opposer que peu à peu nos troupes fatiguées ou jetées en avant en pleine débâcle. Le soir du 29, le front de l’Est à l’Ouest passe par Bétheny, La Neuvillette-Courcelles-Janvry-Goussancourt- Fresnes-Nanteuil Notre-Dame-Grand-Rosoy-Hartennes-Berzy-le-Sec, la lisière Ouest de Soissons-Chavigny et Crécy-au-Mont ; la poche s’est donc accentuée au Sud-Est de Fère-en-Tardenois perdu : Oulchy-le-Château est maintenant très menacé. La