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changes à Paris à la veille de la tourmente, au moment où pendant la guerre ils ont atteint le point le plus haut de la courbe, au mois de mars 1919 et, enfin, en septembre 1919. Les chiffres indiquent le prix en francs et centimes de l’unité étrangère.


III. — SITUATION ACTUELLE. REMÈDES

Nous avons exposé la situation des changes étrangers sur les marchés français. Vis-à-vis de l’Angleterre, des États-Unis, de l’Espagne, de la Hollande, de la Suisse, des pays scandinaves, de la République argentine, le franc est déprécié. Des fluctuations violentes se produisent. Du 11 au 16 septembre 1919, la livre sterling a monté de 34 à 38 francs, c’est-à-dire de plus de 15 pour 100. Le dollar a été coté jusqu’à 9 francs, c’est-à-dire à environ 70 pour 100 de prime sur le cours normal. D’autre part, le change italien nous est favorable, puisque la lire est à 10 ou 12 pour 100 de perte par rapport au franc ; le mark allemand, qui normalement valait 1 fr. 23, est à 38 centimes ; la couronne autrichienne est à 15 centimes au lieu de 1 fr. 05 et le rouble à 25 centimes au lieu de 2 fr. 67 centimes. Dans ces deux derniers cas, on est en présence d’une circulation de papier-monnaie extravagante qui doit faire redouter la faillite du Trésor public responsable du remboursement des billets. Les transactions en roubles et couronnes austro-hongroises se raréfient chaque jour. Il ne faut donc tirer de la hausse du franc par rapport à ces deux monnaies aucune conclusion, en ce qui concerne notre situation générale. Les rapports commerciaux de ce qui fut la Russie et l’Autriche-Hongrie avec le reste du monde sont à cette heure singulièrement réduits ; la dépréciation énorme du rouble et de la couronne, qui ne valent plus, l’un et l’autre, que quelques centimes, est due à peu près exclusivement à l’émission folle de papier-monnaie qui s’est poursuivie dans les deux Empires.

Dans la majorité des cas, et en particulier vis-à-vis des pays les plus puissants au point de vue financier, la France est passagèrement en état d’infériorité. C’est qu’en effet les deux ordres de causes que nous avons indiquées au début de notre étude comme déprimant la valeur d’une monnaie ont agi simultanément. D’une part, nous n’avons cessé d’importer plus