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D’autre part, l’État se refuse à autoriser les élévations de tarifs des chemins de fer et s’obstine à faire payer ainsi aux contribuables une partie des frais de transport, en maintenant des barèmes inférieurs au prix de revient. Comme c’est le Trésor qui, dans la plupart des cas, a garanti l’intérêt des capitaux engagés dans ces entreprises, c’est le budget qui supporte les insuffisances des comptes des Compagnies, se chiffrant déjà par milliards. De tous les côtés, de lamentables erreurs et des prodigalités inquiétantes portent les dépenses publiques à un niveau exagéré. Ces dépenses sont la cause principale de l’inflation fiduciaire et de la hausse des changes. Il faut à tout prix nous arrêter sur cette pente et ramener notre budget dans des limites raisonnables. Ce sera, dans l’avenir, le remède le plus efficace.

Pour le passé, il convient d’envisager la consolidation de la dette flottante et, avant tout, le remboursement des avances de la Banque. Évidemment, le remboursement ne doit pas se faire brutalement : une contraction brusque de la circulation présenterait de sérieux inconvénients. Que le Trésor verse 3 milliards par an à la Banque, et un grand pas sera déjà fait dans la bonne voie. Pour se procurer les fonds nécessaires, l’État devra émettre un grand emprunt. Il semble qu’un puissant courant d’opinion se forme en ce moment en faveur d’un emprunt à lots. Une proposition de loi a été déposée à la Chambre qui tend à la création de 120 millions d’obligations de 500 francs, soit un capital de 60 milliards de francs, remboursables en vingt années à raison de 3 milliards par an et comportant des primes pour une moyenne de 350 millions de francs par an. L’attrait de ces primes, qui seraient beaucoup plus considérables pendant les premières années, où elles dépasseraient 1 milliard, sera-t-il assez fort pour décider les souscripteurs à se contenter de l’intérêt relativement faible prévu par la combinaison et qui oscille aux environs de 3 pour 100, c’est-à-dire du taux auquel nos rentes se capitalisaient au commencement du siècle ? Cela est possible. En tout cas, il paraît certain que l’adoption de ce type permettrait à la France d’emprunter à des conditions avantageuses : il attirerait de très nombreuses souscriptions de l’étranger.

Les habitants de pays vis-à-vis desquels notre monnaie est dépréciée, trouveront dans cette circonstance une puissante raison de souscrire. Voici, par exemple, un capitaliste suisse