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corps français, même quand elle était brisée, coûtait fort cher. L’ère des grands succès sans pertes était bien close.

Le dispositif des réserves allemandes ne permettait plus de poursuivre l’effort dans la région de Château-Thierry. « Dans la région Sud-Ouest de Soissons en attaquant sur Villers-Cotterets, écrit notre 2e bureau, on pouvait espérer encore obtenir un résultat, le gros des réserves françaises ayant été orienté vraisemblablement vers la rive Sud de la Marne. En combinant cette action vers l’Ouest avec une offensive de la XVIIIe armée (Hutier) entre Montdidier et Noyon en direction du Sud et du Sud Est, on pouvait créer entre Compiègne et Soissons un saillant dans le dispositif français ; dans le cas le plus favorable, on pouvait espérer enfermer dans une tenaille toutes les forces ennemies combattant dans les forêts de l’Aigle, de Compiègne et de Villers-Cotterets, ou tout au moins les contraindre à évacuer ce saillant ; ce qui procurerait un gain de terrain considérable. En résumé, le plan, à partir du 1er juin, semble être le suivant : à l’Est, continuer les opérations d’encerclement de Reims ; au centre, créer sur les hauteurs Sud de la Marne une tête de pont que l’on organisera ensuite défensivement avec les divisions de position ; à l’Ouest, attaquer en direction de Villers-Cotterets d’une part, de Compiègne d’autre part, pour encercler les forces combattant à l’Est de Compiègne ou tout au moins les contraindre de se replier. »

Il ne faut encore admettre ces conclusions que comme une hypothèse : la publication des ordres allemands nous révélera jusqu’à quel point celle-ci était plausible : elle nous parait présentement confirmée par les attaques des 1er, 2, 3 et 4 juin.

L’attaque sur Reims fut brisée dès le premier jour : l’ordre donné à la 12e division bavaroise, jetée sur la ville, était de s’en emparer coûte que coûte ; cependant, à l’Ouest de la ville, une attaque générale se produisait entre Ville-en-Tardenois et Reims, tandis qu’à l’Est de Reims, la 238e division assaillait le fort de la Pompelle. L’armée Micheler ne céda pas. De la Pompelle à Reims, les chars d’assaut allemands s’élancèrent en vain, appuyant une forte infanterie ; avant midi, les chars étaient démolis, l’infanterie repoussée, laissant entre nos mains plus de 200 prisonniers ; à l’Ouest de Reims, Vrigny, réoccupé par nous, était sans succès attaqué deux fois par l’ennemi et l’on pouvait réoccuper Méry et la cote 240. Plus au Sud, les