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attaques ennemies échouaient également sur le front Violaines-bois de Courmont où l’on perdit un terrain insignifiant. L’échec fut tel, que ni le 2, ni le 3, ni le 4, ni le 5, aucune attaque ne se produisit de ce côté. Reims restait décidément entre nos mains.

Sur le front de la 6e armée, la pression ne s’exerçait qu’entre Vierzy et Château-Thierry, le 1er juin : le front fut maintenu, sauf devant Neuilly-Saint-Front ; les tentatives faites pour franchir la Marne à Château-Thierry, comme à Jaulgonne, restèrent vaines. Un bataillon de la 36e division parvenu sur la rive Sud dans la nuit du 1er au 2, fut en partie rejeté sur l’autre rive et en partie capturé le 2.

En réalité, c’était sur la région entre Oise et Ourcq que portait l’effort principal. Le général Maistre prenait, on s’en souvient, le 1er juin, le commandement de ce secteur à la tête de la 10e armée. L’un des chefs les plus éminents de notre armée, plein de sang-froid et de fermeté, il avait de ce côté saisi d’une main énergique la direction de la bataille. L’ennemi lui en laissait le temps, car, dans les journées des 1er et 2 juin, il n’attaqua qu’au Sud et à l’Est de la forêt de Villers-Cotterets, ne préparant que pour le 3 une forte offensive au Nord de l’Ourcq. Il y engageait toutes ses réserves disponibles, trois divisions fraîches. Quelques succès locaux lui permirent des gains de terrain qui furent promptement limités sur le plateau de Saconin, au sud-ouest de Soissons ; mais l’attaque entre Vertefeuille et Longpont, la plus violente parce que la plus « décisive » aux yeux de l’assaillant, fut repoussée et la forêt de Villers-Cotterets resta fermée à l’invasion.

Dès lors, la bataille était close ; dans les journées qui suivirent jusqu’au 8, elle eut encore quelques soubresauts, mais ce fut de notre fait plus que de celui de l’ennemi. Nous reprenions çà et là quelques positions perdues : le 11e corps, attaquant au nord-est de Château-Thierry, achevait, — grâce en partie à la division américaine qui fait éclater une magnifique valeur, — de barrer la route de la Marne à l’Allemand. Mais l’offensive allemande était close en ces régions, — au moins pour un temps.

Elle avait été finalement enrayée. Mais elle n’en avait pas moins atteint et même singulièrement dépassé ses objectifs primitifs. Nous avions perdu avec les plateaux de l’Aisne et la