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l’insuffisance de la préparation et des armements offraient des obstacles qui paraissaient invincibles. Les questions de personnes compliquaient tout.

Le 29 juin 1915, le général Joffre proposait de centraliser la conduite supérieure de la guerre au Grand Quartier Général français, d’y élaborer les plans d’ensemble et les directives avec le concours des missions militaires alliées dûment accréditées, « afin, disait-il lui-même, de coordonner toutes nos forces et de les faire converger sur des adversaires chez qui la conduite de la guerre est aux mains d’une seule des puissances belligérantes. »

Le 29 juin, il proposait la réunion, au Grand Quartier Général français, d’une conférence des représentants autorisés des armées anglaise, italienne, serbe et belge, en vue d’examiner le meilleur moyen de porter secours à la Russie et d’interrompre le cours des victoires allemandes sur notre alliée orientale.

Résolument opposé à l’expédition des Dardanelles, il en signalait l’organisation vicieuse ; il y trouvait, condensées en quelque sorte, à peu près toutes les erreurs qui ont frappé de stérilité les premiers efforts de la coalition : défaut de vues d’ensemble, décisions non mûries et non concertées, absence de plans, insuffisance de travaux préliminaires, médiocrité de la préparation, collaboration boiteuse entre alliés.

D’autre part, et bien avant l’époque où l’agression germano-bulgare contre la Serbie détermina l’intervention de nos forces dans la péninsule balkanique, le général Joffre avait porté son attention de ce côté ; il avait déclaré nettement que l’inaction de l’armée serbe était susceptible de lui faire courir les dangers les plus sérieux. Quand l’expédition de Salonique se trouva engagée, une fois encore, sans préparation préalable, sans entente suffisante avec les alliés, il fit tous ses efforts pour la mettre sérieusement sur pied : dans une lettre qu’il adressait le 27 octobre au Ministre de la Guerre, il s’exprimait en ces termes : « Mon avis est de poursuivre l’exécution du programme de Salonique, tant par nous que par nos alliés. Seule une démarche directe et pressante auprès du gouvernement anglais peut faire fixer la question de principe et empêcher qu’elle ne soit constamment remise en discussion. »

Par la suite, ses interventions auprès du gouvernement anglais furent constantes et heureuses.

Ainsi, d’intervention en intervention, de conférence en